Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu cette phrase ces derniers mois.
Je me souviens surtout de la première fois… La première fois, j’ai ri, j’ai cru que c’était une blague.
Mais non. La personne était tout à fait sérieuse. C’est très important apparemment, quand on a deux enfants, d’avoir le fameux choix du roi. On ne rigole pas avec ça…
J’ai eu droit à un tas de versions, mais la plus récurrente c’est le modèle « tête penchée sur le côté » avec un regard contrit. Imaginez…
« Oh vous attendez le deuxième ! Vous savez ce que c’est ? »
« Oui, une fille ! » Je réponds tous sourires, parce que je suis réellement heureuse.
Et là, au choix :
« Oooooh…. mince alors ! » (je vous jure que je l’ai eue celle là !)
« Le papa le prend comment ? »
« Va falloir tenter le troisième ! »
« Oh… c’est dommage, pas trop déçus ? »
« Ah… Encore ? »
Non mais c’est vrai, j’aurais pu faire un effort et faire un garçon, non mais… Donner un fils à mon mari, privilégier la diversité, en avoir « un de chaque » comme si je faisais la collection… Dans l’histoire, ce n’est pas moi qui choisis, c’est la nature/le hasard, et ça me va très bien. J’apprends à détourner la conversation ou à reporter l’attention sur monsieur (après tout, c’est lui le « responsable » !), mais quand j’y pense, il faudrait que j’améliore ma répartie… Même si au fond, je me fiche un peu de l’avis des gens, ça pourrait être drôle d’essayer ça :
« Oui, j’ai pleuré quand on me l’a dit d’ailleurs… »
« Il est abattu, le papa… Vous vous rendez compte, pas d’héritier mâle… »
« Ah mais oui, d’ailleurs dès que j’accouche, on remet ça ! Jusqu’à avoir un garçon ! »
« C’est évident qu’on va faire le troisième ! Ce qui compte, c’est d’avoir les deux, peu importe si on a pas le nombre qu’on veut et qu’ils soient en bonne santé ! »
« Si, on est très très déçus. Je crois que je vais la renier, en fait. »
« Oui, on manque d’originalité. J’aurais pu faire garçon, licorne, éléphant rose, mais non, ENCORE une fille. »
En vrai, je ne dirais jamais ça hein… D’abord, parce que je suis (trop) polie et que je ne veux pas heurter la sensibilité de certains. Et parce que ces répliques, elles me viennent toujours trop tard, jamais sur le moment.
Plus sérieusement, je n’en reviens pas comme notre société accorde une importance capitale au fait d’avoir deux enfants, un garçon et une fille, pour former « la famille parfaite ». C’est peut être exagéré comme réflexion, mais, ces derniers temps, j’ai eu tellement de remarques déplacées sur le fait de porter une deuxième fille que je me pose la question. On me plaint tantôt de ne pas avoir les deux, mais aussi de ne pas donner de garçon à mon mari (sisi, je l’ai entendu !). Si je me souviens bien, pour Liloute, on me souhaitait déjà d’avoir un garçon. Il y a même eu une pointe de déception quand certains ont su que ce n’était pas le cas…
Alors oui, certes, je vous l’avais un peu avoué en début de grossesse, ma préférence allait tout de même à une seconde fille. Donc forcément, je ne suis pas déçue. Et puis, avec ce qu’on a traversé pour avoir deux enfants en bonne santé, j’avoue que c’est plutôt secondaire…
Je crois que ce sont plutôt les gens qui sont déçus pour nous. Mais nous, pas du tout !
Il a de la chance Tchoupi, sa maman a eu le choix du roi !