En 1992, Thierry Roisin avait déjà créé Montaigne, un spectacle à partir de fragments des Essais. Quinze ans plus tard, il veut reprendre cette parole et faire résonner de nouveaux fragments au regard du monde d’aujourd’hui.
Avec Pascal et Descartes, Montaigne fait partie des statues du jardin bien cultivé de notre passé scolaire et ses Essais constituent un livre fleuve constellé de références et de citations, une matière inépuisable. Revenir à Montaigne, c'est comme retrouver un vieil ami dont la compagnie fortifie. Avant d'écrire, Montaigne parle, « La parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui l'écoute », l'invitation au théâtre est sans détour. Rien à voir dans Les Essais avec un livre bien construit destiné à exposer une thèse, mais bien plutôt une longue conversation, avec lui-même ou avec le lecteur, qui se déploie dans la durée, comme un feuilleton, un film, une pièce. Montaigne est l'homme d'un seul livre, il y est tout entier, sans fard et sans retenue. Revenir aux Essais, quand les notions de dignité de l'individu, de tolérance religieuse et culturelle vacillent, c'est puiser à la source d'un humanisme à réinventer. C'est sur un tapis roulant que défilent Les Essais. En effet, si nous devions résumer en un seul mot la pensée de Montaigne, mouvement conviendrait à merveille. Chez Montaigne, les pensées naissent le plus souvent d'une observation de la réalité. C'est dans la rencontre avec des objets et des dispositifs usuels que les paroles trouvent ici leur nécessité.
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