47 Ronin
Dans le Japon féodal, à l’époque des shogun et des samouraï, une tribu de 47 samouraïs se retrouve contrainte de partir du royaume à la mort de leur maître. Puisque ce dernier a été injustement forcé au seppuku pour une faute commise alors qu’il était empoisonné, ils deviennent tous des ronin. Des samouraïs sans maître doivent quitter le palais et vivre par eux-mêmes. Mais Oishi s’impose en leader et réclame vengeance. Les ronin vont donc se tourner vers leur esclave, un demi-sang Kaï, qu’ils avaient rejetés durant toute leur enfance. Il s’avère alors être leur arme la plus redoutable pour contrer le seigneur Kira qui s’est tout de suite emparé de la belle Mika, fille du maître Asano. Kaï aura encore plus soif de vengeance et mettra tout en œuvre pour battre les monstres maléfiques et les nombreux obstacles qui se dresseront devant eux dans leur quête de vengeance. Ils feront tout pour retrouver leur honneur et mourir dignement pour ne pas faire honte à leur maître défunt.
Basé sur une histoire vraie, 47 Ronin a tout pour plaire et pour cause : c’est une production hollywoodienne que nous avons là ! Alors que l’histoire se passe au Japon et que mis à part Keanu Reeves le casting entier est uniquement japonais, l’équipe de tournage n’a pas fait le déplacement jusqu’au Japon ! Et pourtant, les décors sont inspirés de vrais lieux de Tokyo et Kyoto. Mais ça ne gâche en rien la beauté visuelle du film ni les scènes de combats magnifiquement orchestrées.
Le mot rōnin désigne un samouraï sans maître à l’époque du Japon féodal. Un ronin est contraint à l’errance toute sa vie à la mort de son maître. Ce film se base non seulement sur une histoire vraie, mais est donc placé dans un contexte historique très fort. On y découvre les combats et rivalités sans fin que se faisaient les clans à l’époque à l’image de la très connue saga Le Clan des Otori (qui mélange aussi historique et fantastique).
Mais à quel fait historique ce film se réfère-t-il ? L’histoire remonte à 1701 dans la région d’Ako où un groupe de samouraïs se retrouvent seuls après la mort de leur daimyo Naganori Asano. Le titre de daimyo était donné aux nobles ou kazoku. Naganori Asano n’est donc pas seulement un personnage fictif. Asano est forcé au suicide ou autrement dit le seppuku en japonais par le shogun Tsunayoshi Tokugawa (un grand défenseur des animaux).
Le film met le doigt sur un rituel à la fois tabou et honorable. Plutôt que de mourir des mains d’un autre, Asano préfère se donner la mort et avoir sa tête tranchée par son bras droit, son samouraï le plus proche : Oishi. Lors du rituel du seppuku, l’accusé en question doit se poignarder dans le ventre devant le shogun qui règne sur le royaume. Dans 47 Ronin, il recueille une jeune sang-mêlé/demi-sang qui vivra avec lui et sa fille pour toujours, mais il n’hérite que du statut d’esclave, de serviteur. A demi japonais et occidental, Kaï ne peut occuper les mêmes fonctions que ses pairs.
Carl Rinsch utilise une recette qui marche en mélangeant le genre Historique et le Fantastique. Non seulement il base son intrigue sur un fait réel et bien ancré dans l’histoire et la culture japonaise, mais il y ajoute des éléments fictifs et étrangers à l’histoire qui sont néanmoins crédibles puisque dans le Japon féodal, tout comme dans la Corée de Joseon, les légendes et les mythes coulaient à flot.
Mizuki, la sorcière (interpretée par Rinko Kikuchi que vous avez pu voir dans Pacific Rim et La Ballade de l’Impossible) nous fait légèrement penser à cette créature mystique et extrêmement dangereuse provenant tout droit de la mythologie coréenne : le renard à 9 queues qui peut se transformer en femme afin de mieux attraper ses proies, majoritairement des hommes.
Ici la sorcière apparaît bel et bien sous la forme d’un renard avec un œil doré et l’autre bleu, mais la comparaison avec le Nine-tailed fox s’arrête là (à voir : le drama My Girlfriend is a Gumiho, qui pourrait vous en apprendre un peu plus sur cette légende et de manière assez ludique puisqu’il s’agit d’une comédie romantique moderne). Elle possède cependant des pouvoirs dévastateurs : elle se transforme en n’importe quelle créature et répand son venin sur tout ce qui bouge. Elle se révèle être d’une très grande aide au seigneur Kira.
La quête de vengeance des 47 ronin suit une progression bien dirigée durant tout le film. Les événements se succèdent, s’emboîtent facilement ce qui nous fait presque perdre haleine. Il n’y pas un temps mort ce qui démontre tout à fait à quel point leur lutte et leur quête a été longue, pénible et acharnée. De nombreux plans rapprochés témoignent de la tension qui règne chez les ronin. Les champs contre-champs entre les adversaires, rivaux ou également les amants interdits, Mika et Kaï, renforcent l’intensité du film.
Une parallèle intéressant se dresse entre la théâtralité et l’histoire. Dans le Japon féodal, les shogun et les seigneurs se divertissaient avec des combats de leurs samouraïs durant lesquels généralement un d’entre eux était gravement blessés ou même mort. Mais il faisait également appel à des troupes de théâtre qui se déplaçaient de villes en villes. Le théâtre de Nô apparu au 13ème siècle dans le Japon médiéval combine pantomimes, danses et dialogues/monologues en vers. Il relate souvent des chroniques religieuses. Les acteurs portaient des masques pour interpréter leur personnages mais ne les relevaient jamais. Le théâtre tient une place primordiale dans ce chef-d’oeuvre cinématographique puisque les deux seigneurs, Asano mais aussi Kira, participent aux divertissements du roi. Ils lui fournissent chacun un samouraï qui combattent devant une foule réunie dans le palais du shogun Tokugawa.
Lors du combat entre les samouraïs de Kira et d’Asano, celui d’Asano est empoisonné par Mizuki et ne peut se battre. Malgré son statut, Kaï décide de le remplacer. Son costume de samouraï lui permet de rester caché des autres mais son identité finit par être découverte et il est battu publiquement par ses pairs qui le font bien à contre-coeur. Kaï tente de trouver sa place dans sa tribu et en prenant l’identité d’un samouraï sans en être un, cela lui donne même pour un court moment à peine, l’impression de faire partie de leur groupe.
Un jeu de masque et de mascarade se déroule jusqu’à la fin. Le théâtre devient même l’outil majeur pour les 47 ronin qui tentent d’intégrer le palais du seigneur Kira sans être remarqué. Vers la fin du film, ils décident de prendre d’assaut le palais avec l’aide de la troupe de Nô. Ils se mettent dans la peau d’acteurs sans en être vraiment, et deviennent donc des usurpateurs. Kira et ses gens n’y voient que du feu, puisque les ronin « acteurs » sont masqués. Certains orchestrent la mission autour de la cité, en prenant également la place des gardes et en en tuant quelques uns. Ni vu ni connu, l’opération passe inaperçue.
La mise en scène, le jeu, les masques sont des motifs récurrents dans ce film. Ils permettent de discerner le vrai du faux mais également de faire avancer l’intrigue. En utilisant un stratagème aussi fin que celui de prendre la place des acteurs de Nô, Carl Rinsch crée une sorte de mise en abyme à l’intérieur même de son film : les ronin se font passer pour les acteurs de la troupe mais tout le monde croit qu’ils sont les vrais acteurs. Ils jouent à être des acteurs, mais prennent ce rôle très au sérieux du moins au début. Ils sont donc en fait de vrais acteurs, puisqu’ils réussissent également à prendre la place des gardes de Kira qui eux ne sont pas des acteurs.
Le casting du film est assez remarquable. On aurait pu s’attendre à y voir l’acteur japonais désormais très connu pour nombreux de ses rôles au cinéma américain et japonais : Ken Watanabe. Mais pas du tout. On aura tout de suite reconnu Keanu Reeves, maître incontesté du cinéma américain : Matrix, Entre Deux Rives mais aussi plus récemment L’Homme du Tai Chi qu’il a également réalisé ! Serait-il devenu accro à l’Asie ? Je ne l’ai pas réellement trouvé convaincant dans ce film. Son personnage est très intéressant et surtout on s’attache beaucoup à lui pour son statut à part et son histoire avec Mika, mais j’ai nettement préféré les autres personnages ! Peut-être parce que ma passion pour le Japon et le cinéma japonais est trop forte.
Dans le reste du casting, on retrouve Hiroyuki Sanada : Le Dernier Samouraï, Wolverine : le combat de l’immortel, Ring ou encore la série Lost (en 2010). L’acteur est un habitué des films historiques comme Wu Ji, la légende des cavaliers du vent, Le Samouraï du crépuscule et tant d’autres.
Mizuki, la fameuse sorcière empoisonneuse est interprétée par Rinko Kikuchi. Son visage dit forcément quelque chose au dramaphiles, puisqu’elle a joué une concurrente redoutable dans le drama Liar Game (saison 2, la fameuse femme au chapeau). Elle a aussi joué plus récemment en 2010 dans Moteki.
Le seigneur Kira est quant à lui campé par l’acteur japonais Tadanobu Asano, un habitué du cinéma japonais qui a joué dans Love and Pop en 1998, film adapté du roman connu du même titre de Murakami Ryu. Plus surprenant il interprète Hogun dans Thor. Pour ce qui est des dramas rien de bien connu ou de très populaire.
J’arrive au meilleur pour la fin ! J’ai tout de suite reconnu l’actrice et chanteuse japonaise Shibasaki Kou dans le rôle de Mika, la fille d’Asano ! Elle a signé les génériques des dramas Byakuyakou et Sekai no Chuushin de Ai wo Sakebu (dans lesquels les deux personnages principaux sont joués par les mêmes acteurs d’ailleurs). Mais elle est aussi connue pour avoir joué le rôle d’une étudiante sourde dans le drama Orange Days. Autres dramas à son actif : Ando Lloyd (2013), Galileo, Yuma California. Elle a aussi joué dans les films Battle Royale et Dororo.
Enfin, ce n’est qu’arrivée à la fin, en regardant les crédits que j’ai réalisé que celui dont je cherchais le nom toute la soirée n’était autre qu’un de mes acteurs et chanteurs japonais préférés… Pourtant je m’arrête souvent bien avant les crédits, je ne les regarde pas du tout. Mais pour 47 ronin j’ai fait une exception ;) Je me demande même comment j’ai fait pour ne pas le reconnaître ! Pourtant je savais que je l’avais vu quelque part. L’interprète du fils d’Oishi n’est autre que … AKANISHI JIN !
Les fans (surtout au féminin) de Jpop et de dramas japonais sauront pourquoi je suis aussi extatique à son propos. Qu’il joue dans une grosse production américaine est franchement une belle surprise quand on sait d’où il vient et à quel point il était loin de tout ça il y a des années. Connu seulement au Japon avant les années 2010, Akanishi Jin appartenait au groupe de Jpop KAT-TUN, avec son compère Kamenashi Kazuya notamment, dont il ne fait plus partie désormais.
Beaucoup d’anecdotes se sont répandues à propos de leur séparation. Akanishi Jin est en effet parti faire ses études aux Etats-Unis et a donc fait une pause avec le groupe et les dramas. Mais il aurait également pris la grosse tête au point de dénigrer totalement son groupe et ses amis. Ce ne sont que des rumeurs mais bizarrement personne n’a eu du mal à les croire. Ca n’enlève rien à son charme et son jeu d’acteur. Très connu au Japon, il a joué dans un seul film japonais : Bandage mais côté dramas il s’est complètement épanoui dans Yukan Club, Anego et Gokusen 2 pour les plus connus.
Voici un petit extrait de sa voix en bonus :
En résumé, 47 ronin est un très bon film, l’histoire basée sur un fait réel mélange également des éléments fantastiques, fictifs et le casting nous emporte totalement. Keanu Reeves un peu moins convaincant mais il ne descend pas pour autant le film ! Les deux heures du film ne se voient pas passer du tout !