"La pure conscience éveillée a une capacité. Une capacité, c'est-à-dire qu'elle est le lieu vierge de l'expérience. Cette capacité est simplement le fond transparent dans lequel survient l'expérience."Tulkou Orgyen Ici, "capacité" traduit le tibétain thugs rje, littéralement "la noblesse d'âme", la magnanimité. C'est ainsi que les Tibétains ont choisi de traduire le sanskrit karunâ, que l'on rend habituellement par "compassion". Notre vraie nature est l'espace conscient et transparent, absolument transparent, dans lequel ces mots et tout le reste apparaissent en ce moment même. "Dans cet espace, dans cette capacité, surgit sans cesse une vaste succession de pensées, d'images et d'idées, revêtues de ressentis qui s'élèvent ici dans l'espace, qui fleurissent et disparaissent. Les pensées et les sensations naissent, fleurissent et meurent dans la conscience, la conscience éveillée de ce vaste espace. Qu'est-ce donc qui peut bien périr ici ? C'est comme être un écran de télé infini sur lequel le programme est parfois tragique, parfois comique, parfois dur, parfois doux. Des fusillades, des incendies apparaissent sur l'écran sans l'affecter. Vous n'avez pas besoin de le réparer après un western. N'est-ce pas ce que vous êtes, cet écran immaculé, infini ? Qu'êtes-vous en cet instant, si ce n'est cette capacité consciente, invulnérable ?"Douglas Harding, Face to No-Face, p. 58Et Douglas ajoute que l'espace n'est pas un ressenti, pas une sensation, pas une émotion, pas une expérience particulière, mais bien le ressenti fondamental, la sensation fondamentale, l'émotion à la source de toutes les autres, l'expérience elle-même, pure et simple :"Cet espace, cette capacité d'accueil des ressentis évanescents est ce que je suis toujours, toujours disponible. Donc ce dont je parle n'est pas une affaire de ressentis. C'est un fait... Nous ne cherchons pas les ressentis. Ce qui nous occupe ici, c'est d'où ils viennent, ce qui est en amont des ressentis : les faits. Ce sont les faits qui nous soulagerons de notre anxiété. Les ressentis ne le feront pas".Douglas Harding, Face to No-Face, p. 61Ce point est capital. En amont des ressentis...Bien sûr, cela ne veut pas dire que l'on rejette les ressentis. Cela ne veut pas dire que l'on ne ressent rien. Mais cela veut dire que l'on ne se focalise sur rien. On n'attends rien. Les ressentis ne nous disent rien sur qui nous sommes vraiment. Sauf dans la mesure où ils naissent de l'espace, vivent et meurent en la transparence sans forme. En ce sens et en ce sens seulement ils pointent, comme toute chose, vers notre vraie nature éternellement libre.