Un rapport à charge pour l’État …
La principale question soulevée par les députés dans ce rapport ( voir la version intégrale de ce rapport publiée par France Info ) est celle de la gouvernance du nucléaire. L’État est instamment prié de prendre en main l’avenir du parc électronucléaire français et de lever certaines incertitudes…De prendre ses responsabilités en somme.
… Et pour les finances de l’État !
Les travaux de cette commission confirment les risques économiques et les incertitudes liés à la prolongation du nucléaire en France.Après la Cour des comptes qui a rendu public, mardi 27 mai, un rapport sur les coûts de la filière nucléaire, soulignant l’envol de la facture nucléaire (lire l’article du Monde : Facture du nucléaire : l’alerte de la Cour des comptes), la commission Brottes / Baupin se dit préoccupée par une forme de dérive financière de la filière électro-nucléaire : coût d’exploitation, mur d’investissement, amélioration de la sûreté, érosion de la rentabilité, coût croissant de l’EPR.En effet : suivre la stratégie proposée par EDF, à savoir exploiter les réacteurs au-delà de 40 ans, coûtera très cher : 4,4 milliards d’euros par réacteur, selon une étude publiée par le cabinet Wise-Paris en février 2014.D’après ce rapport, si EDF voulait exploiter ses réacteurs au-delà de 40 ans dans des conditions de sûreté proches de celles des nouveaux EPR, cela pourrait coûter 4 fois plus cher qu’annoncé, soit environ 4 milliards d’euros par réacteur.
Et si on comparait aux EnR ?
Une analyse confirmée aujourd’hui par Greenpeace, qui publie une étude synthétique comparant les coûts de production futurs de l’électricité nucléaire et les coûts de production futurs de l’électricité d’origine renouvelable.
Greenpeace y expose de manière synthétique les coûts de production futurs de l’électricité issue de réacteurs nucléaires français qui seraient exploités au-delà de 40 ans, et les compare à ceux de l’électricité d’origine renouvelable dans les années à venir. Elle repose sur les expertises indépendantes de Global Chance et de Wise-Paris et utilise la méthode du coût courant économique (proposée par la Cour des comptes) pour évaluer les coûts de production du nucléaire.Concernant ceux des renouvelables, les données utilisées sont celles fournies par différents acteurs institutionnels et industriels tels que l’AIE (Agence internationale de l’énergie), le Fraunhofer-Gesellschaft (organisme allemand spécialisé dans la recherche en sciences appliquées) , l’IRENA (Agence Internationale de l’énergie renouvelable) , l’EWEA (European Wind Energy Association), l’EIA (Agence de l’énergie américaine) , la Cour des comptes ou encore l’ADEME.Si investir afin de prolonger la durée de fonctionnement des réacteurs nucléaires au-delà de 40 ans correspond à la stratégie industrielle d’EDF, rappelons que pour l’ASN, seule autorité habilitée à donner son accord sur la prolongation, “l’extension au-delà de 40 ans n’est pas acquise“.
Les conclusions de l’analyse menée par Greenpeace sont claires
Des conclusions qui tiennent en un schéma, ou en quelques points. En résumé ? Pour que le nucléaire reste moins cher que les énergies renouvelables à court terme, il faudrait le prolonger en bradant la sûreté, pourtant mise en exergue par les industriels et les États depuis le déclenchement de la catastrophe nucléaire de Fukushima.En quatre points clés
- Le coût courant économique de l’électricité produite par chaque réacteur rénové à un niveau de sûreté approchant des exigences de l’EPR atteindrait 133 €/MWh. Cela correspond à un investissement de près de 4,4 Md€ par réacteur (rapport Wise).
- Le coût courant économique du nucléaire dépasserait, dans ces conditions, les coûts futurs de production des principales énergies renouvelables électriques. Ce dépassement serait effectif dès aujourd’hui pour l’éolien terrestre (coût compris entre 40 et 80 €/MWh), dès 2018 pour le solaire et à partir de 2020 pour l’éolien maritime.
- Le choix d’une prolongation du parc nucléaire qui limiterait la hausse des coûts de production de l’électricité nucléaire, et assurerait sa rentabilité face aux énergies renouvelables, devrait être fait pour rester viable et peu cher, avec un niveau d’investissement réduit sur le niveau de sûreté des réacteurs.
- Le remplacement du nucléaire ancien par des réacteurs nouveaux type EPR n’apporterait pas les mêmes avantages sur les coûts de production que les renouvelables.