Un bâton merdeux. Il n’y a
pas d’autre mot pour qualifier le Kolysé, ex-Drugsport sur une idée d’Odile
Proust, ancien maire de Louviers, ou plutôt de ses amis sportifs quelque peu
élitistes car pratiquants de sports de glace à une époque où les hockeyeurs n’étaient
pas légion et les patineurs du dimanche encore moins nombreux. Le Kolysé c’est
comme le Marité. Autant un Terre Neuva a peu à voir avec l’histoire de l’Eure,
autant les sports de glace se pratiquent surtout là où il y a de la neige sauf
capitale nationale ou régionale, ce qui n’est pas la situation de Louviers.
Bon, il est trop tard pour
continuer de se lamenter sur cet équipement trop cher pour notre seule ville.
Trop cher car le fonctionnement d’une patinoire nécessite des appareils
sophistiqués, des machines performantes, un entretien permanent. Et cela
pour maintenir la glace à un niveau de performance acceptable. Je passe sur la
médiocre qualité du bâtiment, mal isolé, anciennement dangereux, bizarrement conçu avec
un mélange de bowling, de terrains de tennis, de squash, de salle de body building. Je
passe également sur les actes délinquants qui avaient fait du Drugsport un
coupe-gorge le samedi soir.
Franck Martin a trouvé le
Drugsport dans sa hotte en 1995. Il en a fait le Kolysée, en modifiant les offres
de loisirs et de sports, en a revu la gestion mais sans parvenir à équilibrer
les comptes obligeant la commune à boucher le trou chaque année sous une forme
ou sous une autre. Il a quitté la mairie en laissant un compresseur (sur les
deux) en panne et en léguant à son successeur un épineux problème de gestion et
d’avenir.
François-Xavier Priollaud,
maire, est-il en passe de réussir ce que Franck Martin n’est jamais parvenu à
réaliser ? C’est-à-dire la mutualisation des dépenses de fonctionnement et
d’investissement du Kolysé en associant la CASE et la ville aux efforts ? Hier,
un champion olympique candidat à la présidence de la fédération française des
sports de glace, Gwendal Peizerat, a rendu visite aux élus lovériens et de la
CASE (représentée par Bernard Leroy, président) pour les encourager dans leurs
efforts visant à pérenniser la patinoire. On a compris que l’achat de deux
nouveaux compresseurs (400 000 euros) était dans les tuyaux et qu’il n’était
donc pas question de mettre un terme au patinage même si c’est un terrain
glissant.
Car je ne pense pas, comme
M. Priollaud, qu’un équipement sportif et de loisirs puisse être « rentable »,
c’est pourtant ce qu’il a déclaré sur France 3. Si les mots ont un sens, le mot
rentable signifie la production d’un bénéfice par rapport au capital investi.
Je ne crois pas qu’on soit ou qu’on sera un jour dans cette situation. Pour
être bénéficiaire, il faudrait pratiquer des prix d’entrée très élevés (ce qui
nuirait à la fréquentation) et oublier qu’un équipement public a une fonction
collective tournée vers la jeunesse laquelle n’est pas riche à Louviers. M.
Priollaud a évoqué la bonne image de la ville et en ce sens il n’a pas tort.
L’état désastreux de la patinoire nécessitait de prendre le taureau par les
cornes. (1)
Certes le karting sur glace
n’est pas à la portée de toutes les bourses mais il demeure une pratique
marginale. Si l’on veut faire plaisir aux 40 000 patineurs qui, chaque année,
viennent dans l’unique patinoire du département (qui offre donc une attractivité
régionale) il faudra également faire preuve d’imagination pour permettre aux
patineurs synchro, aux hockeyeurs (pourquoi pas ?) et aux amateurs de
sports de glace en général, de se retrouver dans une ambiance confortable et
avenante.
J’ai entendu, dans le
reportage de France 3 région, que M. Priollaud n’excluait pas (avec la CASE
bien sûr) la construction d’un nouvel équipement à échéance de cinq ans. Ce
laps de temps doit permettre d’amortir comptablement et matériellement
l’acquisition des deux nouveaux compresseurs. En cinq ans, on jugera sur pièces
la fréquentation publique et scolaire et, pour le coup, « la rentabilité »
sociale de la patinoire. D'ici là, gare à la glissade…
(1) Attendons les
délibérations du conseil municipal lovérien et celles de l’agglomération
Seine-Eure pour connaître le montant des efforts de chacun. On jugera, alors,
de la qualité des engagements.