Magazine Régions du monde
Voilà qui donne une idee de la complexite de se deplacer dans Pekin...
Alors, comment vous imaginez-vous la capitale de la Chine ? Nous, on s'imaginait une ville avec plein de buildings, un grouillement permanent dans de petites ruelles, des odeurs, des vapeurs de cuisine, des boui-bouis... une immense ville asiatique quoi ! Et bien non, Pekin, c'est tout le contraire.
Tout d'abord, l'immense centre ville (celui qui va jusqu'au premier peripherique... et Pekin en compte 7 ou 8 !) n'a que des immeubles bas (pendant l'Empire, il etait interdit de construire une maison plus haute que les batiments du Palais Royal - la Cite Interdite-). Pekin a donc l'apparence d'une ville « plate ». Et puis les urbanistes communistes ont rase certains quartiers et leurs petites ruelles pour faire de grands boulevards (qui ont a peu pres la taille de nos autoroutes !) qui quadrillent la ville. Comme ca, pas de probleme de circulation, pas de rassemblement non plus... Entre ces immenses boulevards, la ville s'organise en differents « Hutong », petites quartiers qui donnent toute son identite a Pekin. Le probleme, c'est qu'avec l'arrivee des JO, le gouvernement veut a tout prix donner la meilleure image possible de la capitale et tous les Hutong un peu delabres sont soit rases, soit completement aseptises : chaque maison est repeinte de la meme couleur que sa voisine, sans nuance... On ne ressent donc pas d'indivudualite dans ces quartiers, toutes les maisons sont les memes et il n'y a pas de surprise dans la decoration.
Et puis lorsque nous y etions, Pekin etait completement vide de sa population, les habitants s'etant rendu dans leurs familles a la campagne pour feter le Nouvel An. Et puis il faisait tellement froid (aussi froid que dans le sud est de la Chine) que les quelques pekinois restes sur place ne mettaient pas le nez dehors! Alors du coup, pour nous, Pekin ressemble a une ville morte (nous sommes revenus a Pekin apres une petite escapade a Hong-Kong : la ville avait alors commence a se re-remplir, ce qui donnait une ambiance radicalement differente).
Alors, qu'avons-nous fait la-bas ? Nous sommes alles a Pekin d'une part pour assister au Nouvel An chinois et pour voir la Cite Interdite (La Tour Eiffel Pekinoise comme dirait Yves !) mais surtout pour rendre visite a AnneCe (que j'ai rencontre chez Libe) qui s'est installee ici depuis un an et demi. Ca fait tout bizarre, apres 7 mois, d'avoir son telephone qui vibre inopinement avec une copine au bout du fil qui vous donne RV le soir pour un resto ! Ca fait meme du bien.
Pour le Nouvel An, on avait prevu de vous faire une video au milieu du defile, entoures de dragons et de rats dansants pour vous souhaiter la bonne annee... Mais ici, ca ne marche pas comme ca.
Le soir du Nouvel an, Pekin se transforme en un immense champ de bataille, avec des petards et des feux d'artifice partout (et surtout les gros petards « Mamouth », vous voyez, ceux qui sont interdits en France parce qu'ils sont trop dangereux). Tout le monde s'y met : parents, enfants, grands parents allument les meches et se bouchent les oreilles (les petards eloignent les mauvais esprits pour l'annee a venir). A minuit, c'est l'orgie : les feux d'artifice petent de partout, il y a des copeaux de petards rouges qui s'amoncellent sur les trottoirs, les visages s'emerveillent... Et puis le lendemain, c'est comme un 25 decembre, il ne se passe rien dans les rues (on a peste devant les images des defiles chinois a Paris !) Durant toute la semaine suivante, ca recommence, petards au sol et feux d'artifice intempestifs sont de sortie.
La Cite Interdite fut une grosse deception : le monument principal (celui duquel on voit le petit empereur courir en soulevant un tissu jaune dans « Le Dernier Empereur ») etait ferme pour travaux... La rage !
Par contre, la Grande Muraille fut une bonne surprise : 4h de marche sur les remparts, seuls au monde.
Et puis surtout, le quartier DaShenZe (« 798 ») : c'est un quartier d'usines desafectees envahi par des artistes squatters. A la base, le quartier devait etre rase, mais devant le succes des galeries, le gouvernement est revenu sur sa decision. Aujourd'hui, ce quartier est en train de basculer du squat d'artistes (graff partout, police omnipresente) vers un lieu hyper branchouille envahi par des galeristes internationaux.. Interessant d'observer le mouvement ! Et d'ailleurs, on sent que Pekin est en ce moment un peu « the Place to be » pour etre fashion (sur la meme ligne que Paris, New York, Tokyo, Berlin). Je pense que les gens se plantent, que Pekin ne pourra jamais créer la tendance, parce que Pekin n'est pas une ville creative du fait de sa gouvernance communiste et de la Revolution Culturelle qui a abruti un bon nombre de chinois plus qu'elle ne les a frustres (ca n'engage que moi).