Canicule

Publié le 11 juin 2014 par Olivier Walmacq

Genre : Policier / Suspense

Année : 1984

Durée : 1h40

L'histoire : Un gangster américain, traqué par la police Française à la suite d'un hold-up sanglant, vient se réfugier dans une ferme occupée par une famille loin d'ètre tranquille.

La Critique De Titi70 :

Attention, voici un véritable O.F.N.I en provenance direct de notre beau pays. Le chose étant suffisamment rare pour être soulignée.

Adaptation d'un roman de Jean Vautrin, qui officie ici comme scénariste, Canicule peut en premier lieu se targuer d'alligner un générique apte à en faire baver plus d'un. Jugez plutôt : Michel Audiard au dialogues, Francis Lai à la musique, Yves Boisset à la réalisation et devant la caméra : Lee Marvin, Victor Lanoux, Bernadette Lafont, Henry Guibet, Jean Pierre Kalfon, Jean Carmet, Jean Claude Dreyfuss, Grace De Capitani et Miou-Miou, le tout pour une oeuvre mélangeant le polar, le suspense et le drame psychologique. A cela, s'ajoute une bonne dose de violence à outrance et de mauvais gout.

Fidèle à lui même, Yves Boisset choisit d'aller au bout de son sujet, quitte à choquer, ce qui ne manquera pas d'arriver lors de la sortie du film qui provoquera un scandale.

Encore aujourd'hui, Canicule continue de diviser, certains le qualifiant de gros navet honteux tandis que d'autres crient au chez d'oeuvre. Si je n'irais pas jusque la, je considère que le film d'Yves Boisset est loin d'être aussi mauvais que certains le disent.

Pour l'anecdote, le réalisateur affirmera plus tard dans une interview considérer ce film comme son meilleur long métrage. Il révélera également une anecdote amusante : Durant le tournage, Lee Marvin et Jean Carmet sympathisèrent rapidement au point d'avoir de longues discussions. Sauf qu'aucun des deux ne parlait correctement la langue de l'autre.

L'histoire de Canicule tourne autour de Jimmy Cobb, un gangster Américain qui organise un hold up en France. Mais, les choses se passent mal et la police débarque tandis que le gangster découvre qu'il a été trahi par un de ses complices. S'ensuit une fusillade brutale à l'issue de laquelle Jimmy Cobb est contraint de prendre la fuite.

Poursuivi par toutes les polices, l'homme est contraint de cacher son magot dans un champ avant de se réfugier dans la grange d'une ferme toute proche. Il ignore que l'endroit cache une famille de fermiers complètement à la masse et que sa présence va provoquer des conséquences qu'il est loin d'imaginer.

Dès la première scène, Yves Boisset a le mérite d'annoncer la couleur, puisqu'on y voit un gamin se prendre une balle en plein coeur et s'écrouler au milieu d'une fusillade sanglante. Encore une fois, le réalisateur montre qu'il ne s'est fixé aucun tabou, puisque la mort d'un enfant est une image généralement bannie au cinéma.

Pourtant, ce n'est rien par rapport à ce qui va suivre, car Jimmy Cobb atterrit dans une famille de péquenots qui, s'il n'ont rien à voir avec des psychopathes du style Massacre A La Tronçonneuse, n'en sont pas moins sévèrement atteints.

Entre la nymphomane en puissance (incarnée par une Bernadette Lafont hystérique, réclamant constamment une grosse bite, si possible celle de l'africain qui travaille dans la ferme), l'obsédé sexuel (Victor Lanoux qui se déguise en épouvantail dans son champ pour espionner deux campeuses présentes dans le film pour faire un clin d'oeil à l'affaire Dominici, selon Yves Boisset), Miou-Miou en épouse frigide et revancharde de ce dernier (et qui se tripote en entendant les gémissements de la nymphomane), l'alcoolique qui tient un garage dans une région où personne ne passe jamais (Jean Carmet qui balance des "nom d'une bite" à tout bout de champ), et le gosse qui se croit constamment dans un film de gangsters (il n'hésite pas à aller voir des prostitués avec de l'argent piqué à Jimmy Cobb), on peut dire que le truand est tombé dans un sacré guêpier.

Et je n'ai pas parlé de la vieille servante folle se contentant de dire qu'elle ne veux pas aller dans une maison de vieux, ni des personnages en dehors de la famille comme celui incarné par Jean Claude Dreyfuss, capitaine de gendarmerie un peu dépassé et un peu candide (il faut l'entendre expliquer le plus sérieusement du monde qu'un policier a été retrouvé mort le pantalon baissé et que c'est probablement Jimmy Cobb qui l'a sodomisé avant de le tuer).

Quant à Henry Guibet, sa prestation en jeune gendarme inexpérimenté est courte, mais vaut tout même le détour. Seul le personnage de Grace De Capitani demeure finalement anecdotique et pas indispensable, l'actrice se contentant de jouer à nouveau un rôle de prostituée (dont les dialogues avec Jean Carmet, encore une fois signés Audiard, sont un vrai bonheur). 

Finalement, dans ce tableau, on regrettera que Lee Marvin paraisse aussi absent, l'acteur se contentant de jouer son rôle sans grande conviction. 

Vous l'aurez compris : Avec Canicule, Yves Boisset et son équipe carburent encore une fois au mauvais goût et brossent le portrait de personnages tous ignobles, égoïstes, cupides, méchants et capables du pire. Autant dire un portrait peu reluisant de l'être humain. Le réalisateur en profite également pour s'en prendre à la médiatisation à outrance (Jimmy Cobb est considéré comme une légende alors que certains de ses exploits paraissent un peu exagérés)

Magnifiquement réalisé, Canicule reste encore aujourd'hui un film très particulier, porté par un casting franchement génial. Une oeuvre singulière et qui, encore une fois, ne plaira pas à tout le monde.

Note : 17/20