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PIB, pouvoir d'achat, chômage: pourquoi nos statistiques sont fausses.

Publié le 11 juin 2014 par Juan

Le sujet ne serait sérieux, on devrait en rire. 

Il y a peu de temps, nos plus grands experts de l'INSEE ont reconnu s'être statistiquement trompé sur la croissance française depuis 2008. Il nous manquait 1% de croissance de PIB depuis 5 ans... Nous serions sortis de la crise depuis ... 2011. Fichtre ! Si Sarkozy l'avait su avant ...

Il y a pire, mais on en parle moins. Le pouvoir d'achat de la France populaire est en chute régulière depuis 2008.  

A l'Elysée, François Hollande se sépare de son précieux conseiller ès économie, l'ex-futur banquier Emmanuel Macron. 


PIB...
Il se trouve encore de nombreux politiques ou journalistes pour penser que la croissance est une question de confiance; que le "climat" pèse sur la vie des affaires et l'activité. Ces esprits courts verront dans cette information tardive une occasion manquée.
"Evidemment, personne ne s’en est aperçu puisqu’il s’agit d’un effet d’optique, dû à un changement statistique . Désormais, harmonisation des règles au niveau international oblige, les dépenses de R et D ne sont plus considérées comme des consommations intermédiaires mais comme des investissements." (Les Echos)
Pourtant, cette nouvelle a-t-elle une quelconque importance sur le chômage et tous les autres travers sociao-économiques que la période nous inflige ? Non, elle n'a aucun impact sur notre réalité, sauf à nous démoraliser encore davantage: la sortie de crise n'a pas grand chose à voir avec quelques micro-pourcentages d'augmentation du PIB.
Les débats sur la constitution du PIB, une mesure de l'activité économique instaurée après la seconde guerre mondiale, sont quasi-permanents. Avant l'élection, l'institut Eurostat suggérait même qu'on inclut les revenus estimés de la prostitution et du trafic de drogue dans le calcul du PIB. On croit rêver.  Des "révisions techniques" ont déjà frappé la Grèce en 2006 (+25%), le Ghana en 2010 (+ 60 %), le Nigeria en 2014 (+ 80 %) et, donc, maintenant, la France (+ 2,5 %).
Le PIB n'est qu'un indicateur parmi d'autres. Mais il a pris le dessus dans le débat politique, plus que bien d'autres paramètres. La Grande Crise a même aggravé tous les tropismes. Depuis 2008, on parle moins des conditions du travail que de l'embauche à tous prix, du retour (maintes fois promis) de la croissance plutôt que du pouvoir d'achat.
Il y a pourtant fort à faire pour comprendre la réalité sociale et économique du pays.
Pouvoir d'achat
Michel Sapin, jeudi 5 juin, se félicite des 7 milliards d'euros de crédit d'impôt compétitivité emploi versés en juin aux entreprises françaises. Douze autre milliards seront versés d'ici décembre. Le Conseil d'Etat vient de recevoir le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2015: 9 milliards d'euros d'exonérations de charges sociales (6,5 milliards pour les employeurs; 2,5 milliards pour les salariés gagnant moins de 1,3 SMIC), et le gel des prestations sociales pendant un an.
Aucun expert n'a trouvé à redresser le pouvoir d'achat. Puisque nous sommes dans ce moment de vérité statistique, il est temps d'enfoncer une autre contre-vérité, plus douloureuse celle-là. Rappelez-vous, en 2012, "pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale", nous expliquait-on, le pouvoir d'achat des Français avait baissé de quelques décimales de pourcentage - 0,4% pour être précis. En cause, les hausses d'impôts décidées l'année précédente par le gouvernement Sarkozy.
En fait, cette statistique de l'iNSEE était sacrément imprécis, d'une imprécision grossière que personne n'osa contester. En effet, cet indicateur composite n'était qu'une moyenne floue qui cachait l'essentiel. A l'époque déjà, nous écrivions: "Cette statistique masque la réalité de la vie chère".
Comme l'explique Louis Maurin, directeur de l'Observatoire des Inégalités, "depuis 2008, le niveau de vie des plus démunis diminue." Et il ajoute: " La « baisse généralisée du pouvoir d’achat » [2], tant médiatisée, est une imposture : le pouvoir d’achat augmente pour les plus riches et diminue pour les plus pauvres."
Les données sont éloquentes: "+ 1 800 euros annuels pour les 10 % les plus riches, - 400 euros pour les 10 % les plus pauvres."
Conseillère banquière
A l'Elysée, qu'en pense-t-on ?
Rien sans doute.
L'attention est ailleurs.
Mardi, c'est la stupeur dans les rédactions. Emmanuel Macron, une pièce clé du dispositif Hollande à l'Elysée, s'en va le 15 juillet prochain pour des "projets personnels dans l'enseignement et la recherche". Emmanuel Macron, ex-banquier, avait rejoint l'Elysée à la victoire de Hollande, après une campagne victorieuse. Secrétaire général adjoint, il avait en charge la sphère économique et financière. Il parait, relate le Point, qu'il est usé, fatigué de n'être pas suffisamment entendu pour les "réformes" forcément "profondes" qu'il appelle de ses voeux. En d'autres termes, il faut comprendre qu'Emmanuel Macron juge Hollande trop timide sur le "choc de responsabilité". Sans rire...
"Dans le futur, Emmanuel Macron assure qu'il ne prendra pas la tête d'une entreprise française, pour éviter tout conflit d'intérêt. Il va enseigner en Europe, avant de monter sa propre structure."  (source).
Le plus curieux de cette affaire était le nom du remplaçant, une femme, Laurence Boone. Son job précédent, chef économiste à Bank of America Merrill Lynch.  Cette nomination amuse la galerie médiatique car la dame livrait encore il y a 15 jours quelques critiques acerbes sur la politique économique de François Hollande.
Ce n'est pas pourtant le vrai sujet. Qu'un président soit capable de travailler avec des critiques de son action est une belle et grande chose. Un travail difficile.
Le vrai sujet dans la nomination d'un conseiller économique à l'Elysée se loge dans les options économiques dudit conseiller.


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