Qui aime bien châtie bien. Il est loin le temps des maîtresses qui martelaient à coup de règle les doigts des élèves indociles, les petites violences correctionnelles se voient désormais réservées aux adultes consentants. De la présomption de fessée au délit de laxisme, il aura suffit moins d’un siècle pour inverser le rapport de force ; en famille, à l’école et plus largement en société. En l’espace d’une claque, l’autorité a changé de camp. C’est ce qu’affirme Emmanuel Jaffelin dans son livre "coup de poing" : "de bourreau, le parent est devenu esclave : de monarque, il est devenu courtisan". Un refus de punir symptomatique d’une démocratie qui "n’affronte pas les problèmes", préférant repousser l’échéance tant elle est "omnibulée par la dignité". Chassée de la famille comme du cadre scolaire, la punition a mauvaise presse. Une absence d’autorité d’autant plus grave qu’elle incite aujourd’hui à la récidive, au sortir de prison comme de l’heure de colle.
Apologie de la punition
Emmanuel Jaffelin
Editions Plon
Proscrite au profit d’une déresponsabilisation totale, la sanction n’est-elle pas pourtant le préalable à une justice véritablement juste ? Politiquement incorrecte, cruelle et même tabou, cette dernière se voit réduite à la violence d’un geste qui fait mouche, alors qu’elle est par essence le premier pas vers le pardon. Une réparation du "corps et du coeur", pour "recoudre ce qui a été déchiré, sans en découdre". Quand la mère indigne cède facilement à la pulsion d’une gifle sous le coup d’une humeur, celle qui baigne l’enfant roi dans le laisser-aller serait-elle pour autant moins coupable ? S’il faut réapprendre à corriger le tir, "qui punit bien, a bien moins à punir*".
* Citation d’Antoine Houdar de La Motte ; Œuvre : Les abeilles – 1719.