En l'occurrence, c'est le géant américain AT&T qui passe à l'offensive avec une offre baptisée « Location Information Services » (LIS), dont un des nombreux cas d'usage qu'elle cible, et pour lequel un pilote sera lancé cet été, est celui de la lutte contre la fraude, dans les institutions financières. En synthèse, le principe de fonctionnement imaginé consisterait à vérifier que la localisation du téléphone du porteur de la carte bancaire correspond bien au lieu du paiement en cours de traitement.
Rien d'exceptionnel jusque-là, il existe déjà des solutions fournissant ce genre de service. Celle d'AT&T se distingue surtout son universalité, puisqu'elle couvre tous les appareils (smartphones et téléphones basiques), inscrits sur (presque) tous les réseaux, et qu'elle fonctionne dans plus de 150 pays, sans requérir la moindre installation d'application, sans impact sur l'autonomie ou sur le forfait… En fait, elle est totalement transparente : il suffit de connaître son numéro de mobile pour localiser un individu n'importe où dans le monde !
L'accès même aux fonctions offertes est d'une simplicité quasi-enfantine. Qualifiée de « Location as a Service », la solution consiste en un ensemble d'« APIs » (interfaces de programmation applicative) permettant d'intégrer l'accès à la localisation d'un téléphone en quelques lignes de code, dans n'importe quel logiciel. Heureusement, AT&T a prévu des barrières aux abus possibles : la légitimité de l'usage envisagé est contrôlée avant ouverture et l'accord du consommateur est explicitement demandé avant de pouvoir exploiter sa position. Mais sera-ce suffisant pour rassurer et pour éviter des dérives ?
Toujours à la poursuite de nouvelles sources de revenus, les opérateurs de télécommunication – dont les aventures dans le paiement mobile n'ont pas donné de grands résultats (au moins dans les pays occidentaux) – reviennent désormais sur leur cœur de métier pour développer des offres originales susceptibles de séduire les entreprises, en particulier dans le secteur financier. Cependant, leur marge de manœuvre est étroite, car leurs clients finaux pourraient bien se rebeller contre des pratiques qui deviennent singulièrement intrusives…