Festival Paroles et Musiques. Fauve. Stromae. Barrilla Sisters. Doorsfall. Du soleil, des hamburgers et des frites. On y était.
Fauve a enflammé le festival. Photo de Jérôme Sagnard.
Le soleil ? Non ? Sérieux ? Le soleil, t’es sûr ? Sans déconner. À Saint-Étienne ? Là, tu rigoles, c’est ça ? Même pas. Ok. Donc je vais donc enfin pouvoir commencer un compte rendu par » il y avait du soleil ». La pluie ? Ahaha, jamais entendu parler.Il faisait donc BEAUUUU ce jeudi, quand, direction Plaine Achille, je m’en allais squatter le festival Paroles et Musiques. Une fois de plus, ils avaient accepté de me supporter. Sac en bandoulière rempli à ras bord de mes livres rock, j’allais pouvoir me gargariser de musique pendant les trois jours qu’était ouvert le village. Ce village, pour les malheureux qui ne sont jamais venus, sont des tentes où l’on trouve un bon paquet d’associations ou autres artistes de tout poil tel votre serviteur. Une petite scène off et des voisins comme la Médiathèque de Sainté ou Amnesty International décoraient le tableau cette année. Le truc, avec la Médiathèque, c’est qu’ils vendent leur cds – des doubles ? Ou des trop vieux, ? En fait aucune idée – pour l’astronomique somme de un euro. Hum. Difficile de résister. D’ailleurs n’est-ce pas ce bon vieux Oscar Wilde qui disait que le seul moyen de résister à la tentation est d’y céder ? Mais Oscar parlait d’autre chose… Ce n’est pas une raison pour ne pas l’écouter. Cédons, donc, pour faire plaisir à Oscar. Comme chaque année. Une dizaine de cds pour dix euros et surtout l’occasion de découvrir des artistes qu’on ne connaît pas vraiment. Quoique. Alors que je vous jète ces quelques mots, un Brian Wilson de 2004 passe sur ma platine. Pas mal. Avec le soleil – soleil soleil soleil soleil- ses harmonies beachiennes passent beaucoup mieux. Bref, Brian Wilson n’était pas là. Mais on avait d’autres artistes sous le coude. Le grand moment de la soirée était la venue de Doorsfall, nos Stéphanois chéris. Les mecs ont certes sorti un album avec une pochette improbable – un perroquet en gros plan, ouais, étrange – intitulé « Journey of a silhouette ». Avec des tempos répétitifs- hypnotiques, pop sweet électro, on se demande comment un tel son ne peut pas franchir les ondes. Ah oui, j’oubliais, on est en France. Pardon.
Doorsfall. Sainté. Bonheur.
Évidemment, ce jour-là, on n’a fait que parler de Stromae, toujours sur la brèche, présent à tous les festivals. N’ayant pu assister au concert – pas envie, trop de Stromae tue le Stromae- on se fiera aux échos qui furent plutôt positifs. Seul bémol, l’impossibilité pour beaucoup de photographes de faire honneur à leur art. Pourquoi priver les artistes d’immortaliser un autre artiste ? Pourquoi priver des fans d’un souvenir ? Hummm… on va espérer que le succès ne monte pas à la tête. Il faut rester abordable, humble au risque de n’avoir été qu’une mode. Beaucoup sont tombés de leur piédestal, pas forcément à cause de leur comportement, mais simplement parce le business du disque est impitoyable, et remplace aisément ceux qu’ils ont créés à coups de promo. Qui se souvient encore de la dame Camille, du sieur Sliimy ? Car que l’on ne s’y trompe pas, hélas, c’est la promo investie sur un artiste qui fera son succès. Qu’on se souvienne de la Star’Académy qui ne faisait que des reprises et dont les albums se vendaient à comme les petits pains du marketing. Mais bref, je m’égare. Nous verrons si Stromae tiendra la route… ou plutôt, combien de temps ?
La journée était également l’occasion de rencontrer à nouveau David, leader – avec Manu- de Babylon Circus. Une interviewe merveilleuse de charme qui remplira de notes mes feuilles. Cette histoire sera racontée dans le deuxième tome de Rock Attitude – jingle pubbbb !!. Mais ô jeunes gens – et les autres aussi même si la retraite est désormais, un concept foireux – sachez que David est un parleur jamais fatigué. Pendant deux heures, nous sommes remontés de Grenoble à Roanne – ouais, Roanne, hyper sexy hein – puis Lille, la Syrie, l’Irak, Central Park… Des anecdotes improbables, mais magnifiques, sur l’état des lieux musicaux, sur les larmes d’un vieillard syrien, sur son coma moscovite, sur la renaissance… David m’a comme d’hab, beaucoup plus – non je ne suis pas gay, bi, allez savoir… Il n’arrêtait pas de dire » mais attend, on n’a pas parlé de ça, il faut parler de ça », de sorte que l’interview… bah ça finissait par être lui qui la faisait, ou presque. Faut pas déconner non plus. J’ai d’ailleurs dû écourter les débats, car on était parti pour un roman et je ne m’en serai jamais sorti vivant. Mais on y reviendra, David doit avoir encore quelques tripes à vider.
David ( à gauche) Babylon Circus singer … et parleur. Une photo Ingrid Lgr
Vendredi. Les gens, la foule, encore les gens. On en redemande. D’ailleurs merci à tous ceux qui sont venus me voir – et là, nouvele séquence pub pour Ingrid et ses photos et Loïc Giraud qui eu la gentillesse de m’inviter pour les 10 ans du festival Les Poules à Crète. Mais revenons à nos moutons. Médiathèque or not médiathèque ? Dois-je céder encore une fois ou non ? Évidemment que je cède, ils ont rapporté de nouveaux cds, alors…Oscar ? Sur la grande scène : Ladybug and the Wolf, duo soft folk. Doux. Peut-être trop, avec ce soleil… Qu’importe, la foule, nombreuse, ronronne de plaisir. Arrive alors le gang des tee-shirts » fauve ». Fauve, donc, le groupe qui monte, monte, et monte un peu aussi. La preuve, l’année dernière encore, ils jouaient dans la salle-bar du Fil – la plus petite des deux – tandis que cette année direction Palais des Spectacles. Comme le disait le chanteur sur scène » c’est une histoire de fou qui va un peu trop vite ». Les photos que vous voyez, elles sont de Monsieur Jérôme Sagnard, collègue gratteux d’encre pour le Grisou, et selon lui, » (….) n’empêche pas le chanteur du collectif de secouer le public par son phrasé typique -ni rappé, ni slammé- associé à des chansons aux textes très réalistes qui collent à la vie quotidienne de leur public. Ces textes sont scandés par un artiste charismatique au rythme de l’essuie-glace qu’il réalise sur la grande scène – un coup à droite puis un coup à gauche. Ce collectif est devenu un phénomène musical en moins d’une année qui allie aussi une importante partie technique vidéo où les vidéastes du collectif absents de la scène ont su créer un univers étrange sous la forme de clips vidéo percutants. À la fin de cette prestation, le public ressort de ce concert quelque peu sonné par tant d’énergie et de fougue donnés. »
Il était alors temps de plier bagage et de rentrer non pas à la maison, mais squatter chez le rédac-chef du webzine que vous lisez. Il créchait – et crèche toujours- à deux pas du festival, alors autant en profiter. Je débarquais vers 23h 30 et c’est un Jean-Pierre Jusselme avec de petits yeux qui m’ouvrait en grommelant un truc du genre » en plus y a une nana d’EDF qui me réclame 900 euros. Ca me casse les couilles Comme si j’allais sortir ça de ma poche tranquille. Fais chier, je vais pas me laisser faire ». Ainsi, j’avais donc sorti de son lit douillet un boss énervé, qui, du coup, m’empêcha de couler un bronze tranquille – ce n’est pas romantique mais c’est pourtant la sordide réalité – n’arrêtant pas de m’invectiver avec ces « demain footing à 6h30″. Que nenni, à 7 heures il était debout, et alors que je lui avait dit que j’avais mal dormi la nuit précédente, il a malgré tout fallu qu’il me réveille, petit con va. Du coup, quand il est revenu vers les 10h30 en me faisant croire qu’il avait fait du sport – bon OK, il en avait PEUT ÊTRE fait- j’avais encore la tête dans le cul. Et quand il m’a demandé de l’accompagner pour acheter des cigares j’ai émis de doutes sur sa sexualité.
Les Barila Sisters où le charme stéphanois de du sud Italien….
Bien sûr c’est seul qu’il me laissera partir sous un soleil de plomb, devant suer à grosses, énormes gouttes jusqu’au festival. Mais cela en valait la peine. Encore une fois, la Tite scène regorgeait de talents. Tout d’abord Emmanuel Urbanet avec sa bonne humeur communicative et son pop-rock efficace, puis les Tit’Nassels, groupe ligérien qui compte pas moins de 15 ans d’existence et 1500 concerts au compteur. Même pas mal. Leur musique » chanson française » ne lasse pas de séduire. Pourtant, ce jour-là, la vraie révélation fut pour moi les Barilla Sisters dont le set nous plongea alors dans les traditions du sud italien. Des chansons qui sentaient bon cet étrange mélange de soleil et de solitude où les femmes de là-bas ont ce besoin de rêver, rire, pleurer. Il était agréable voir la chanteuse danser sur place, un peu comme une bohémienne avec le sourire, une bohémienne toujours dans le combat de la vie. Lorsque je voulus interroger l’accordéoniste – l’une des deux « sister »- je devais être alors complètement déphasé par l’horrible nuit que JP Jusselme m’avait fait passer. En effet, réussissant à glaner deux trois infos – » on s’est rencontrées à Rome, on vit à Sainté »- j’eus l’impression d’être soudain devenu un monstre, la demoiselle ne voulant visiblement pas plus communiquer que cela. Dommage. Je me reportais alors sur le troisième larron de la bande, « Patrick’ », – une private joke du groupe -tous les invités de passage sont appelés Patrick- qui, pauvre homme, avait, lors du show, sué comme rarement je vis un musicien suer jusque-là. Une inondation dans ses vêtements, minimum. Forza wet Patrick.
Arrivé à midi, et toujours rien dans le ventre, je tentais alors ma chance vers le stand des sandwiches ou des hamburgers + frites étaient proposés pour 7 euros. Malheureusement, une file immense d’au moins cinquante personnes me découragea d’entrée. Je me rabattais donc sur un coca. Bonne pioche, cela m’évita ainsi de sentir la frite, car j’allais bientôt rencontrer le nouveau maire de Sainté Gaël Perdriau, qu’Hélène Pibarot – adjointe adjointe à la culture et ex Stemp Mag, magazine local- me présenta. L’occasion de parler rock in 42 et surtout de placer un mot pour notre projet de webradio que nous tentons de mettre en place à Pourparlers. Pour ceux qui me suivent, vous connaissez mon, disons, scepticisme – allez soyons soft- à l’égard de tout ce qui peut représenter de près ou de loin la politique. Néanmoins, sans cesse coupé par mille personnes, le sieur Perdriau sut prendre le temps d’écouter. Ce qui est déjà un début. Mais restons vigilants…
Le festival touchait maintenant à sa fin, avec les Babylon Circus ou Têtes Raides, entre autres feux d’artifice. Encore une fois, on a pu se rendre compte combien la scène dite » rock », ou » indé » française a un paquet d’atouts dans sa manche. Évidemment, elle ne sera jamais médiatisée comme elle le mériterait. Descendants des yéyés, nous sommes ainsi et hélas des enfants esclaves d’une variété trop souvent lisse et formatée. Oui, je sais, c’est la même chose. Il n’empêche, c’est encore grâce à ces festivals que les artistes parviennent à exister, à se faire découvrir, petites perles essaimées ici et là, sublimes voix portées dans un souffle de vent dont les échos s’émiettent dans la joie…
Et voilà…