Parmi les belles surprises critiques et public de ce début d'année, figure incontestablement le film Ida, un peu sorti de nulle part et qui a connu un tel beau bouche à oreille que plus de 500 000 spectacteurs sont venus le voir en salles, ce qui est un chiffre vraiment exceptionnel pour un long métrage polonais en noir et blanc sur les hésitations d'une jeune nonne dans la pologne des années 60...
Le succès d'Ida montre en tout cas que lorsque le film est intelligement distribué- bravo à Memento Films pour ce superbe travail comme ils l'avaient déjà fait avec Frances A l'an passé- même un cinéma plus difficile d'accès peut largement rencontrer son public..
Et pas de raison que cette belle histoire ne se prolonge pas avec la sortie DVD du film, qui a lieu ce jeudi 12 juin toujours chez Memento, avec notamment un joli making off de 10 minutes et une intéressante itw du réalisateur- déjà auteur du très beau My Summer of love-
Pour surfer sur cette sortie DVD, laissez moi en remettre une couche quelques mois après notre première chronique en vous donnant le meilleur de l'avis de ce cher Michel qui avait carrément classé le film comme un chef d'oeuvre ultime :
Pologne 1962, Ida, jeune novice, quitte le couvent, elle a peu de temps pour reconstruire son histoire familiale, dans quatre jours elle doit prononcer ses vœux. : Un pitch pareil ne vous donne peut-être pas envie de vous ruer dans une des-rare- salles de cinéma, qui le passe, surtout si on vous dit en plus que le film est en noir et blanc, et bien vous avez tort !
Attention chef d’œuvre, et le mot, tellement galvaudé, est choisi.
En effet, dans Ida, tout parait, simple clair et limpide. Le cinéaste nous raconte la Pologne d’après-guerre avec une force d’abstraction incroyable. Tout est dit, la difficile cohabitation des deux Pologne, la rouge et la catholique, l’importance de ses origines, le deuil impossible face à la barbarie nazie, le choix, le renoncement et le jazz, parfum de liberté.
Tout est dit, mais rien n’est asséné, la photo d’un noir et blanc soyeux est une merveille, la mise en scène fluide a une élégance rare, tous les plans sont soignés sans affèterie, les silences et les dialogues posés exactement où il faut. Les acteurs inconnus sont justes et émouvants.
Film rare, en moins de 90 minutes Pawel Pawlinopwski, cinéaste de documentaire reconnu en Grande- Bretagne (et auteur du formidable "My summer of love" en 2004 et d'une curieuse adaptation d'un roman de Kennedy, la femme du Vème en 2011), devient dans ce troisième long l’égal de Bergman, celui des "Fraises sauvages" ou du "Septième sceau". Et figurez vous, pour vous donner une idée de l'audace du bonhomme, qu'il se paye même le luxe de choisir l’emplacement des sous-titres pour que ceux-ci ne bouleversent pas l’architecture et la composition de ces plans.
Bref, je serais court car rien ne sert de se perdre en conjonctures devant un si grand film : Osez l’expérience cinématographique et historique la plus étonnante de ce début d’année.