Rêver de la capitale, un mot qui sonne comme une signature ancienne depuis ma province, mais comme il est bon de devenir un peu plus grande, de croire en un but, en un lieu, une autre version de soi. Jeune fille, jeune adulte, rêveuse ou capricieuse !
Oui j'ai bossé, durement travaillé pour mes études, partant de ma région pour aller dans une autre, pour découvrir des gens sympathiques, des groupes d'étudiantes motivées mais aussi une compétition interne, des jalousies, des petits cauchemars au quotidien, quelques doutes. J'ai dévoré ce milieu, je me suis fait une place, avec ma réussite, avec des projets. La vie était pourtant si belle, mais avec cet objectif présenté comme notre nirvana, ce monde-là si différent de mes visions personnelles, comme un désenchantement. Idéaliste, jeune, simplement moi, je croyais en l'humain, en une éthique commune et partagée pour ne découvrir que des individus très matérialistes et avec une volonté nombriliste énorme, avec une définition du mot "partage" proche de celui d'"individualité". Une vie en parallèle, sans intersection avec le futur que je voulais. Dans quel mensonge avançais-je, avec ma complicité ou mon aveuglement ?
Déception, revirement, nouvelle maturité, nouvelle vie sans cet amoureux très interéssé par ma piaule d'étudiante, moins par mon amour. Pas lui, sans lui, ailleurs, une vie meilleure !
Nouvelle ville, petit studio, minuscule même, début de vie en entreprise, de stages en stages, de chaos en propositions libineuses (certains ne devaient voir que mon corps de jeune femme, pas mes rapports sur les projets en cours), de réunions avec des nausées pour finir par tout quitter. Un voyage de six mois en Europe, un peu de recul et un retour plus flamboyant en France mais avec cette vision de touriste, toujours, qui a vécu ailleurs.
Paris le jour, Paris de la mode, ville des sourires, sauf dans le métro, des rues haussmaniennes historiques mais pas très propres, des gens pressés sans savoir pourquoi. Mais la gastronime oui, mille fois oui, car manger devient un plaisir, partager un repas, un coin de communication et de liens avec les autres. Mais finalement que d'autres touristes, des personnes de passage dans la ville lumière. Un mélange qui me donnait plus de petits bonheurs que de contraintes, une vie entre deux boulots, deux projets, des amies, des amis d'amis.
Paris la nuit, calme et plus sereine, pas si folle d'insécuité en comparaison d'autres lieux européens. Paris de la fête, en boîte de nuit avec une robe minimaliste pour ne pas dire microscopique, alcool, danses, copain d'un soir, bons souvenirs, les autres je les avais déjà oublié. Paris des petites terrasses, des bistrots si sympathiques avec des menus de tradition, des chansons populaires, des gens vrais. Paris avec des gens plus discrets finalement, des gens heureux, avec cette chaleur et quelques verres, des paroles et des émotions, des larmes de rires, des sourires et des sentiments. Romantisme comme j'aime le déguster, plus proche de mes rêves.
Je crains d'aimer ce Paris-là et de chercher à repartir ailleurs. Contsrastes d'un lieu si fort et pourtant si étrange où le temps ne m'a pas encore donné toutes les réponses. Où je me pose tant de questions. L'été sera une nouvelle saison, un nouvel angle de vue sur la Capitale. Moi toujours touriste, même après trois ans ici. Mais avec une sérieuse différente, ma garde-robe, mes tenues, ma mode, mes dizaines de chaussures, ma féminité différente ici. Mes futilités, mes désirs, mes paradoxes peut-être, mais j'aime le jour et la nuit, un peu moins la pluie et ce soleil incertain.
Nylonement