C’est en procédant de ce raisonnement pour le moins audacieux que l’économiste David Graeber choisit d’envisager la dette. Après avoir déconstruit le mythe selon lequel le troc aurait précédé la monnaie, il explique pourquoi l’internationalisation des échanges commerciaux a conduit à préférer la monnaie à toute autre forme de transaction. Enfin, il montre que l’autorisation de l’emprunt avec intérêt ainsi que la création artificielle de monnaie, fonction de la « démocratisation du désir », ont favorisé des périodes d’endettement généralisé.
Le capitalisme moderne apparait selon l'auteur comme la forme aboutie du système de crédit et dont l’esclave moderne est le salarié. en effet, tout travailleur est contraint de se vendre pour tenter de rembourser un prêt accordé par sa banque.Or, la banque crée d’abord la monnaie à partir de rien, lui concède un prêt imaginaire et spécule ensuite sur son renflouement.
David Graeber considère ainsi le capitalisme comme « un système qui exalte le parieur come aucun système ne l’a jamais fait », mais où seul gagne le détenteur de capitaux. Comment cela va-t-il finir ? En s’inspirant de ce qui s’est déjà fait dans l’Histoire lors de crise financières majeures, il imagine un « Jubilé » extraordinaire au cours duquel les créanciers, propriétaires des dettes planétaires, libèreraient les individus insolvables en « effaçant les tablettes ». En économiste prudent, il ne spécule pas pour autant sur cette douce hypothèse.
David Jarousseau