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Bygmalion : Que s’est il passé à Saint-Maur ?

Publié le 10 juin 2014 par Jflehelloco

guides de la villeC’était il y a un peu plus d’un an maintenant, je présentais sur ce blog les factures litigieuses du contrat de communication de Saint-Maur. Le maire de l’époque, Henri Plagnol, qualifiait tout cela « d’intox ».

Pourtant, le parquet de Créteil a ouvert dans la foulée une enquête préliminaire sur des soupçons de malversations dans le marché de communication de Saint-Maur-des-Fossés. L’enquête cible des présomptions de favoritisme, de détournement de fonds publics, de prises illégales d’intérêt et de faux et usage de faux.

« Les réponses seront apportées à la justice, assurait alors Henri Plagnol. J’attends avec sérénité et tranquillité les conclusions de cette enquête », concluait-il alors dans les colonnes du Parisien le 17 avril 2013… pourtant, au fil des articles les explications de l’ancien maire ont varié.

D’abord, Henri Plagnol a joué la carte de l’élu bafoué dans son honneur, allant même en conseil municipal annoncer qu’il saisirai la justice… mais curieusement il ne l’a jamais fait, c’est la justice qui s’est saisie de l’affaire.

Henri Plagnol assurait dans un premier temps que tout ce qui avait été facturé à la ville était normal : « Evidemment que si vous commandez un produit en urgence, vous devez payer plus cher. Il n’y a pas besoin de clause ou d’avenant entre la ville et l’agence (…). Dans la communication, les délais ont toujours un caractère d’urgence. ». Une explication en contradiction avec le code des marchés publics qui prévoit la signature d’avenants en cas de non respect des délais.

Jacques Leroy, ancien adjoint aux finances qui a signé la plus importante des factures de documents introuvables (près de 100.000 €), expliquait  de son côté que la société Ideepole, filiale de Bygmalion, « avait été choisie par le maire et son cabinet  ». Là encore, curieuse interprétation du code des marchés publics.

En effet, dans un marché de ce type c’est normalement la commission d’appel d’offre qui aurait du choisir en toute neutralité. Mais il est vraisemblable que l’exécution de ce marché ait été sous la responsabilité du maire et de sa directrice de cabinet dont on retrouve plusieurs fois la signature dans la case « service émetteur », c’est à dire la case où signe celui ou celle qui valide la demande et l’exécution des travaux.

Dans l’Express du  28 février 2014 la version du maire a changé, faut de pouvoir prouver l’existence des documents en cause (que ce soit en version papier ou numérique) : « Les projets n’ont pas abouti. Leur impression était trop chère. Il ne s’agit que d’une ou deux éditions: la réédition du guide officiel de la vide et d’annexes thématiques. Le tout pour un montant de 25 000 euros au maximum sur 5 ans ».

Mais là, curieusement le prestataire qui a une autre version « La ville ne nous a pas donné le contenu éditorial nécessaire à leur réalisation. Ce genre de situation n’a rien d’inédit. ».

En somme, le prestataire ne voit pas d’inconvénient à facturer la totalité, les frais d’urgence et même les frais de suivi de documents pour lesquels il n’a pas eu les informations et donc qu’il n’a pas pu réaliser ?

Et la ville, en la personne de son maire, ne voit pas de problème à payer la totalité d’un document qu’elle ne fait pas imprimer et pour lequel elle n’a pas donné les éléments nécessaires à sa réalisation ?

Depuis l’élection, nous avons pu vérifier directement auprès des services concernés et avoir confirmation qu’il n’y a jamais eu, à leur connaissance, de projet et de travail accompli derrière ces factures.

En 2012 la société Idéépole a même été reconduite pour un nouveau marché et ce marché prolongé avant les élections pour la totalité de l’année 2014 alors que l’enquête était lancée et que les faits reprochés étaient connus de tous.

Un nouveau marché où curieusement il n’est toujours pas fait mention de frais d’exécution en urgence de 50 % ce qui aurait rendu légal l’application de ce tarif, et où la ligne « suivi forfaitaire » a disparu. Il s’agissait pourtant d’une constante de la facturation précédente puisqu’on retrouve l’urgence et le suivi forfaitaire facturés pour tous les dossiers, sauf le Saint-Maur infos.

Donc le seul magazine de la ville de près de 60 pages qui sort à date fixe ou presque, qui a besoin d’être imprimé et distribué dans toute la ville n’a jamais fait l’objet de la moindre « urgence » et n’a pas eu besoin de « frais de suivi et de conseil post-création ». Mais un simple Recto-Verso comme le « stationnez à la carte » lui a eu besoin de 7 000 € de frais de suivi et d’urgence…

Pour en avoir le coeur net, le maire, Sylvain Berrios a écrit à la société Bigmalion pour qu’elle justifie ses factures, pour un montant de plus de 215 000 euros (voir article du Parisien).

Attendons donc la suite de l’enquête et la réponse de la société pour savoir à quoi à servi l’argent public dépensé.


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