" Dimanche 15 décembre. Je crois que c'est aujourd'hui qu'on enterre Nelson Mandela, là où il est né. Avant, il y a eu cette cérémonie dans le stade, et ce type qui était censé traduire en langage des signes tous les discours. Sauf qu'on s'est aperçu après coup qu'il faisait n'importe quoi, qu'il n'a pas traduit un seul mot. Il a tout le temps gesticulé et ça ne voulait rien dire du tout. Mandela devait avoir de l'humour, et si par miracle il a vu ce type en train d'improviser comme ça devant le monde entier, il a dû rire. Il a sûrement passé un bon moment. Moi aussi ça m'a fait rire. Un imposteur face au monde entier. Mais si on regarde bien, on voit qu'il y met du cœur et se donne du mal pour se faire comprendre. Passé le rire, je l'ai regardé autrement. Ce type est nous tous finalement. Hein, tout ce qu'on essaye de traduire. on se donne du mal aussi. On n'y arrive pas, mais on essaye. C'est ce qui compte. Sans blague, je me suis vu à travers lui. Je suis comme lui quand j'essaye d'écrire mes histoires."
Hubert Mingarelli : extrait d'une chronique dans le magazine Transfuge de Février 2014
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