Lorsqu’on achète un appartement atypique et plein de charme (traduction pour le néophyte: à risque, sans ascenseur, dans l’ancien et à rénover), on ne pense jamais à tous les petits tracas qui vont ponctuer sa nouvelle vie d’endetté pendant les prochaines décennies. Quelques mois après avoir emménagé, nous nous sommes vite aperçu que l’ancien propriétaire était un bricoleur du dimanche. Côté électricité, rien n’était aux normes: le crétin avait fait serpenter des fils reliés entre eux par de l’adhésif autour de tuyaux d’eau humides. Tout comme ce margoulin de da Silva, notre vendeur avait installé une arme de destruction massive dans la cuisine. Il arriva ce qu’il devait arriver. Quelques heures avant qu’une dizaine d’amis ne débarque à la maison pour passer la soirée, le tableau électrique ultra vétuste fit pchouiiit. Une sale odeur de cochon grillé s’est soudainement répandue dans l’appartement. Nous n’avions plus d’électricité, donc plus de téléphone, ni d’eau chaude, ni, et ce fut certainement le plus inquiétant, plus aucune connexion internet.
Nous avons également rencontré des problèmes de tuyauterie, des fuites diverses et variées ou des pannes de gaz. Notre chaudière fait parfois la diva et notre thermostat a rendu l’âme il y a quelques semaines. Mais le problème qui nous casse littéralement les couilles depuis des mois provient des toilettes. Notre cuvette n’est pas une cuvette comme les autres: elle est hantée par un fantôme péteur. Blop, blop, blobloblobloblop, le bruit est infernal. Du salon ou de la cuisine, même en fermant les portes, impossible de se passer de ce fichu bruit. Le blop blop a même mis en danger notre couple. Snooze, doté d’un caractère de teigne*, a même piqué une crise de nerf dans les toilettes en pestant contre la terre entière et en éructant tout plein de mots fleuris pas très jolis à entendre.
A force de s’acharner sur ces maudites chiottes responsables de nos malheurs, de la crise financière, du Darfour et du tremblement de terre en Chine, le bouton a fini par céder et nous avons été obligé de changer le mécanisme interne de la chasse d’eau. Depuis notre emménagement, Snooze s’est malheureusement trouvé une vocation de bricoleur. Mon cher et tendre veut s’occuper de tout (laisse, c’est moi l’homme de la maison), est maladroit et surtout impatient. Il s’est donc naturellement précipité dans les toilettes pour réparer la chasse. Il a instantanément commencé à râler et a s’énerver. Rien ne fonctionnait. Le mécanisme que j’avais choisi était pourri, il n’arrivait pas à couper l’eau, la boite à outils n’était pas à sa place et notre chasse d’eau n’était pas adaptée. Après s’être auto excité pendant une petite heure, il a fini par laisser tout en plan car il était selon lui impossible d’installer ce putain de mécanisme destiné a minima à un bac + 20. J’avais depuis longtemps déserté la pièce pour m’occuper du dîner en chantant papillon de lumière. Blop blop.
Hier matin, alors que Snooze était encore dans les bras de Morphée, j’ai démonté tranquillement l’usine à merde, bidouillé deux ou trois trucs en sifflotant et refermé doucement la chasse d’eau. Tout fonctionnait et le blop blop avait enfin disparu. Fini, parti, terminé, kaput. Snooze est entré dans les toilettes. Je lui ai fait un bisou sur la joue et lui ai demandé s’il avait passé une bonne nuit. Mon chéri m’a fait un petit sourire. Il était heureux que tout fonctionne. Cependant, j’ai senti comme un léger agacement dans son regard. Prochaine étape: installer des étagères dans l’entrée et repeindre la pièce.
*Note à toute personne (Bertrand, Nono, Nico, Mimi, Ceciloo ou Krikri) connaissant Snooze (qui ne lit pas ce blog): Soyez charitables, le premier qui balance sera responsable de mon divorce (et me servira accessoirement de cobaye pour une vasectomie ou une ligature des trompes). Blop.