Les professeurs de l’enseignement supérieur, les intellectuels et les étudiants à réclamer la cinquième modernisation, celle de la démocratie et du multipartisme. La Chine a toujours eu un oeil sur ce que faisait les sovétiques. Les intellectuels chinois sont influencés par la Glasnost mise en œuvre en URSS par Mikhail Gorbatchev. Les étudiants dénoncent l’insécurité qui règne sur les campus, le manque de débouchés et le népotisme en faveur des enfants des membres du Parti. Les enseignants regrettent de ne pas être mieux payés. Des pétitions circulent qui réclament la libération des prisonniers politiques. Vivement réprimées à l'origine, ces idées reçoivent, vers le milieu des années 1980, un accueil plus favorable de la part des réformistes proches du dirigeant de la République Populaire de Chine, Deng Xiaoping.
Mais deux lignes de pensée scindent le parti communiste chinois clairement. D'un côté Xiaoping veut libéraliser le système politique et économique et souhaite en particulier lancer les Quatre Modernisations (industrie, agriculture, sciences et technologies et défense nationale) et ouvrir le pays aux investissements étrangers.
De l'autre, face à la montée de l'inflation provoquée par la libéralisation des prix, les adversaires traditionnels de Deng Xiaoping, notamment l'économiste Chen Yun, prônent un arrêt des réformes, voire un retour au contrôle de l'État.
La direction chinoise se trouve alors divisée entre deux factions : réformistes (avec Zhao) et conservateurs (avec Li). Les dissensions entre ces deux groupes jouent un rôle déterminant dans le mouvement de 1989.
Fin avril 1989, toute nouvelle manifestation est interdite. Les étudiants refusent la tutelle des associations universitaires qui sont entre les mains du Parti communiste chinois, fondent leur propre association autonome et se choisissent des représentants. Les jours suivants, de grandes manifestations ont lieu à Pékin. Le 27 avril, elles rassemblent quelque 50 000 personnes.
On dénonce progressivement un ras-le-bol généralisé. La corruption, les inégalités sociales, l'Inflation, l'absence de libertés, le luxe dans lequel vivent les cadres du Parti Communiste, le népotisme, l'écoeurite est totale.
Le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev doit effectuer à Pékin sa première visite en tant que chef d'État, ce déplacement entraîne la présence de nombreux journalistes étrangers venus couvrir le moment historique. Ça déplait souverainement à la Chine qui ne veut pas trop de témoins de son désordre civil. La visite tourne court. Gorbatchev doit être escorté par des chemins détournés pour éviter qu'il ne voie les manifestations. Le 12 mai, les étudiants entament une grève de la faim illimitée sur la place Tian'anmen, grève qui finira par affecter plus de 1000 personnes.
Cette décision marque un tournant décisif dans l'histoire des manifestations de 1989.
Conséquemment, l'appui d'une large partie de la population s'opère. À Pékin, des manifestations de soutien, regroupant des étudiants, des ouvriers, des cadres et même parfois des policiers, ont lieu presque tous les jours, réunissant, à partir du 15 mai, plusieurs centaines de milliers de personnes.
En raison de la visite de Gorbatchev, les médias étrangers sont très présents et en grand nombre et leur couverture des manifestations est exhaustive. Elle ne peut pas être baillônnée par le ministère de la propagande chinoise. De façon générale, la presse étrangère est aussi favorable aux manifestants.
À l'intérieur du parti, on est divisé sur les méthodes à prendre, comme montré plus haut, certains sont en faveur des réformes, surtout en ce qui concerne la corruption. Le gouvernement ne sait ni avec qui négocier, ni sur quelles revendications discuter. La paralysie est totale. La confusion et l'indécision des manifestants trouvent leur corollaire dans celles du gouvernement, ce que relaient les médias officiels.
Zhao Ziyang penche fortement pour une approche en douceur, tandis que Li Peng plaide plutôt en faveur de la répression.
Les sages du parti estiment que de longues manifestations représentent une menace pour la stabilité du pays. Les manifestants sont perçus comme des partisans du libéralisme bourgeois qui tire les ficelles en coulisses, et certains éléments au sein du Parti se voient, eux, accusés de poursuivre des ambitions personnelles.
Les médias chinois ont une occasion très rare de diffuser des actualités sans censure. La plupart des médias d'actualité sont libres d'écrire et de rendre compte de ce qui se passe à leur guise, en raison de l'absence de contrôle des gouvernements centraux et locaux. Les nouvelles se propagent rapidement à travers le pays et à travers le monde.
Zhao Ziyang, favorable à un règlement négocié du conflit, est mis en minorité par les partisans d'une ligne dure, menés par Li Peng avec le soutien désormais de Deng Xiaoping. Celui-ci, choqué du désordre de son pays, signe l'ordre de loi martiale. Un haut gradé de l'armée, refusant de suivre cet ordre, est défait de son rang et envoyé à l'hôpital pour "retrouver sa santé". 8 autres généraux manifestent leur opposition à la loi martiale mais ne parviennent pas à l'empêcher.
Zhao Ziyang est immédiatement limogé et placé en résidence surveillée où il restera jusqu'à sa mort.
À Pékin, les étudiants demeurent sur la place et dressent des barrages aux portes de la ville.
Environ 200 000 militaires sont transférés, depuis l'état de siège, dans la région de Pékin devant l'impuissance de la police armée du peuple à juguler les manifestations.
Bien qu'ayant l'ordre de ne pas tirer, l'armée fonce et tue. On offre à certains étudiants de quitter les lieux pacifiquement, mais une fois les étudiants piégés dans l'autobus, on les matraque, les mutile, les torture. Le mouvement étudiant est également réprimé en province et une purge sévère est menée dans tout le pays.
L'explication officielle donnée par le gouvernement est que la majorité des manifestants étaient des criminels et des voyous, sans lien avec les étudiants, et que l’armée est intervenue pour sauver le socialisme en Chine. Selon d'autres sources, ce sont en majorité de jeunes étudiants qui ont participé au mouvement. Le fait qu'un nombre important d'étudiants aient été arrêtés dans les jours suivant les évènements du 4 juin semble corroborer cette dernière thèse.
La première thèse était vraie en périphérie de Tian'anmen, la seconde est vraie à Place Tian'anmen.
On a brûlé les cadavres rapidement afin d'effacer le plus de preuves possible ce qui rend le nombre de morts difficiles, avec le ministère de la propagande faisait aussi de l'obstruction, dur à évaluer.
On estime quand même que près de cinquante soldats et policiers ont été tués, ainsi que de 400 à 800 civils.
Il y a un proverbe chinois qui dit que le manteau de la vérité est souvent doublé du mensonge.
Il y en a un autre espagnol qui dit La mémoire, c'est comme les amis ; elle vous laisse souvent tomber au moment où vous en avez le plus besoin.
Le massacre prenait fin aujourd'hui il y a 24 ans.