Nul besoin d’être banquier pour vous offrir ce livre de près de deux cents pages, qui au travers de cinq récits captivants, vous fait découvrir quelques unes des grandes aventures de l’univers de la banque en France. « Si la banque m’était contée…« , qui n’est d’ailleurs pas la suite de « Si l’argent m’était conté« , vous guide en effet au travers de quelques unes des grandes transformations qui ont permis l’évolution du métier de banquier, depuis le financement des états à la fin du XVIIe siècle, jusqu’à la finance de marché si décriée depuis quelques années, en passant par le support à l’industrie et à l’innovation, qui fut le principal moteur de l’économie au XIXe siècle, en grande partie grâce à la vision éclairée des frères Pereire.
Les héros de ce livre, qu’ils s’appellent Rotschild, Pereire, Haberer, Berthelot ou Talleyrand, ont tous en commun un sens aiguisé des affaires, mêlé d’une capacité d’anticipation hors pair, et d’un entregent certains. Car pour ces individus, le rôle du banquier n’est pas seulement celui de prêter de l’argent: il consiste également à façonner la société en devenir, à créer les conditions de l’expansion économique et des succès futurs de l’état. Il n’est donc pas étonnant de les voir évoluer parmi les diplomates et les hommes d’état, naviguant parfois à vue quand les conditions politiques l’imposent.
Au-delà du cadre historique de ces cinq récits, Jean-Philippe Bidault retrace également l’histoire du paysage bancaire français. On y apprend ainsi l’origine des plus grandes banques françaises: Société Générale, BNP Paribas, CIC, Crédit Lyonnais, tous ces établissements ne se sont pas créés par hasard, mais pour répondre à un besoin précis, que ne couvraient pas – ou mal – leurs concurrents. Un parcours historique fascinant, pour mieux comprendre l’importance d’un secteur qui emploie plus de 350 000 personnes, au sein de près de 400 établissements et de presque 40000 succursales (données FBF).
Si la banque m’était contée, Jean-Philippe Bidault, Editions du Palio, 21,50€
Le passage le plus truculent: un éloge des frères Pereire, écrit par …Edouard Drumont lui-même, à l’époque où il écrivait pour La liberté, journal racheté par Isaac Pereire.