Je ne suis qu’une étincelle
du grand feu.
Et de même que je fus allumé dans la nuit,
je m’éteindrai un soir.
Je suis la vague qui déferle
en cet instant,
tandis que de nouvelles vagues naissent et s’emplissent
et que d’autres s’abaissent et se retirent dans le sommeil.
Je suis la feuille qui frémit
dans ce printemps.
Une autre année,
tu trembleras dans la tempête.
Je suis le veilleur, le maître du domaine
l’œil qui voit,
la goutte qui reflète
le temps du ciel.
Je vis et je me consume,
sans rien comprendre —
aujourd’hui, le monde avec ses fleurs et ses femmes
est à moi.
Tu possèderas toute la beauté
sur cette terre
quand moi je serai depuis longtemps parti
et mes traces effacées.
***
Olav Håkonson Hauge (Ulvik, Norvège 1908-1994)