Sacrifier son dimanche chez LIDL pour 10 euros...

Pendant que les médias dominants nous divertissent avec le danger djihadiste - la France a peur -, le patronat avance tranquillement ses pions.

Ainsi, apprend-on incidemment que LIDL ne pratique pas le hard discount que dans ses rayons. Ses salariés se sont mis en grève vendredi dernier contre la décision de la direction d'ouvrir le dimanche.

Un militant CGT craint la banalisation du travail dominical :

« Les conditions de travail se sont de plus en plus dégradées chez Lidl et, de plus, la direction vient de nous annoncer vouloir tester des ouvertures de plusieurs magasins le dimanche ».

La direction de LIDL se justifie avec les arguments traditionnels tels que le volontariat, la majoration de la rémunération et les nouvelles habitudes de consommation, qui n'ont pas convaincu des salariés (à lire l'excellent tract de la CGT) qui subissent un management façon orange mécanique pressée.

En effet en décembre dernier, les salariés s'étaient déjà mobilisés :

« On est sous pression, lance Soumia, salariée Lidl depuis un an. On nous demande plus sans disposer de plus de personnel et ce qu’on fait n’est jamais bien.» Chez Lidl depuis six ans, Stéphanie poursuit. «Les salariés malades ne sont pas remplacés. Cet été, à Hoenheim, on s’est retrouvés en demi-équipe. A sept au lieu de seize. Pour eux, on est trop nombreux dans les magasins et pas assez productifs.».

La CFDT LIDL apporte des informations importantes sur la majoration de la rémunération et sur le contexte social qui bizarrement ont été complètement ignorées par les médias dominants :

« Nos dirigeants ne font plus aucun effort en terme de salaire ou de prime lors des Négociations Annuelles Obligatoires (1,2 % augmentation, prime de participation nulle, un bon d’achat de cent euros et un contrat d’intéressement au rabais alors que pour certains les voitures sont changées (les A6 en Q7, A6 et A4 quatros pour tous … ) et que les Responsables de Réseaux bénéficient depuis peu d’une prime mensuelle de 500 euros !!!! pour mieux vous faire souffrir…. (...) D’autre part, la Gérance nous impose, dès le 1er juillet, des ouvertures régulières le dimanche Et à quel prix ? 25 % de majoration soit 10 euros environ pour une caissière planifiée 4 heures le dimanche…..»

Ces informations-là ont été censurées par des médias dominants. J'ai mis en lien le journal Libération qui a publié in extenso la dépêche de l'AFP sans le moindre apport. Il suffit ensuite de lire les commentaires consternants de bêtise qui dénoncent très majoritairement les syndicats pour comprendre que ce journal n'a pas fait son boulot d'information. Ce journal qui se dit de gauche pouvait pourtant pu apporter d'autres informations, à l'instar de France 3 Aquitaine et de La voix du nord :

« Conditions de travail qui se dégradent, sentiment d’insécurité, diminution des primes, travail du dimanche… les revendications sont multiples et partagés au sein des manifestants qu’ils soient FO, CFDT, CGT ou non syndiqués. Jean-Marie Butez, délégué syndical CFDT, souligne : « Le mouvement a été initié par la base. Les préoccupations sont communes. » Fabian Lecq de FO confirme : « Cette grève, ce sont les salariés qui l’ont demandé. Ce n’est pas un simple mouvement d’humeur des syndicats qui n’auraient pas obtenu ce qu’ils voulaient. »

Ne sommes-nous pas là dans un cas d'école du journalisme de complaisance qui informe sur l'actualité sociale du point de vue du patronat, probablement en échange de pages de pub ? Parce que pour 10 euros de plus, estime-t-on normal et social à Libé de sacrifier sa vie de famille et celle de ses proches ?

A suivre.