VIEILLISSEMENT, CHIMIO: Le jeûne intermittent booste le système immunitaire – Cell Stem Cell

Publié le 08 juin 2014 par Santelog @santelog

Ici, il ne s’agit pas de chercher à perdre du poids, mais à mieux récupérer sur le plan immunitaire en cas de chimiothérapie ou même de lutter contre l’immunosuppression liée au vieillissement. Un jeûne intermittent permet de mieux récupérer sur le plan immunitaire, suggère cette étude internationale, soutenu par le National Institutes of Health and Aging. Ses conclusions, obtenues sur la souris, publiées dans la revue Cell Stem Cell s’appliquent ainsi tout particulièrement à la chimiothérapie, qui peut léser l’ADN et entraîner la mort de globules blancs et de cellules souches de la moelle osseuse. Des essais cliniques sont déjà en cours.

Le principe du jeûne intermittent est plus en plus populaire, avec la prévalence du surpoids et de l’obésité, tous les régimes sont testés, mais peu nombreux sont ceux à l’efficacité démontrée. Ainsi, quand il s’agit de perdre du poids, le meilleur parcours reste de consulter un professionnel de santé ou de la nutrition. Ainsi une petite étude publiée dans la revue Nutrition & Metabolism montre que le jeûne par intermittence peut avoir des effets néfastes (1) et d’autres études (2,3) montrent que ce type de régime, sous contrôle médical, peut être efficace pour la perte de poids et la réduction du risque coronarien. Une autre étude publiée dans le British Journal of Diabetes and Vascular Disease, après avoir évalué les différentes approches de jeûne intermittent dans la littérature scientifique, suggère que le jeûne intermittent pourrait apporter une grande partie du bénéfice déjà démontré de la chirurgie bariatrique, mais sans les coûts ni les risques, dans la prévention et la réduction de l’obésité et du diabète de type 2 (6). Cette nouvelle étude montre, sur la souris, qu’un jeûne ou un apport calorique très réduit 2 jours par semaine régénère le système immunitaire et ainsi lutte contre le vieillissement (Voir aussi (4) et (5)).

Les chercheurs de l’Université de Californie du Sud, de l’Ohio et de Palerme ont regardé les effets d’un jeûne prolongé sur les effets toxiques de la chimiothérapie – en particulier, des dommages aux globules blancs et sur l’activité de la moelle osseuse, qui entraînent un affaiblissement du système immunitaire. Ils constatent que les souris laissées à jeun pendant 2 à 5 jours avant de recevoir une chimiothérapie montrent une récupération plus rapide en termes de numération des globules blancs.

Avec ces travaux, ils démontrent que de multiples cycles de jeûne prolongé protègent les souris contre certains des effets toxiques de la chimiothérapie, dont la réduction des dommages de l’ADN à la fois des globules blancs en circulation et des cellules souches de la moelle osseuse. Ce jeûne par intermittence conduit à la régénération des cellules souches de la moelle osseuse et au retour plus rapide à la normale de la numération des globules blancs.

IGF-1 médie ces effets : Les auteurs expliquent que le jeûne prolongé durant 2 à 5 jours active certaines voies cellulaires chez la souris et chez l’homme et réduisent les niveaux d’insuline-like growth factor-1 (IGF-1). Cela améliore la résistance des cellules aux toxines, dont celles liées à la chimiothérapie et permet la régénération des cellules souches dans la moelle osseuse jusqu’à inverser les effets toxiques de la chimiothérapie. Ainsi, les chercheurs montrent que des souris génétiquement modifiées au niveau d’IGF-1, pour reproduire les effets d’un jeûne prolongé, montrent une récupération plus rapide de leurs cellules souches de la moelle osseuse, confirmant que la réduction de la signalisation de l’IGF-1 favorise le renouvellement des cellules souches de la moelle osseuse.

Le jeûne par intermittence, calé en fonction des cycles de chimiothérapie «  représente un moyen puissant  », concluent les auteurs, pour moduler les facteurs régulateurs clés de la protection cellulaire et de la régénération des tissus, mais aussi pour inverser ou atténuer l’immunosuppression provoquée par la chimiothérapie et le vieillissement.

 

N.B. Des essais cliniques sont en cours et, à ce stade, les patients recevant une chimiothérapie, ne doivent pas jeûner pendant de longues périodes de temps sans avoir consulté un professionnel de santé. Une nutrition appropriée est très importante pour les personnes atteintes de cancer, pendant le traitement et lors de la récupération d’un traitement. Aucune modification importante ne doit être apportée au régime alimentaire sans avis médical.

Source:Cell Stem Cell June 5 2014DOI.org/10.1016/j.stem.2014.04.014Prolonged Fasting Reduces IGF-1/PKA to Promote Hematopoietic-Stem-Cell-Based Regeneration and Reverse Immunosuppression

1.Nutrition & Metabolism 2012, doi:10.1186/1743-7075-9-98 Improvement in coronary heart disease risk factors during an intermittent fasting/calorie restriction regimen: Relationship to adipokine modulations

2.International Journal of Obesity 2011, doi:10.1038/ijo.2010.171 The effects of intermittent or continuous energy restriction on weight loss and metabolic disease risk markers: a randomized trial in young overweight women

3.Diabetes Care 1998, 21(1):2–8 The effect of short periods of caloric restriction on weight loss and glycemic control in type 2 diabetes

4.Medical Hypothese (2006) 67, 209–211 The effect on health of alternate day calorie restriction: Eating less and more than needed on alternate days prolongs life

5.Neurobiology of Disease 26 (2007) 212–220 online 13 January 2007 Intermittent fasting and caloric restriction ameliorate age-related behavioral deficits in the triple-transgenic mouse model of Alzheimer’s disease

6. British Journal of Diabetes and Vascular Disease April 2013 doi: 10.1177/1474651413486496 Intermittent fasting: a dietary intervention for prevention of diabetes and cardiovascular disease?

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