On commence la journée tranquillement avec Wolfman. Comme sur l'album, le groupe zurichois est à l'aise sur scène et nous emporte avec leur son electro-pop-rock expérimental aux mélodies rondes et stellaires dans d'étranges tableaux d'une noire mélancolie sensuelle.
L'esprit encore en balade dans ce monde nostalgique, on s'est laissé emmener en Amérique du sud par Rodrigo Amarante. Le brésilien d'une très grande générosité sur scène, nous offre une folk onirique à la rythmique bossanova passant du portugais, à l'anglais et s'offrant même le luxe de chanter aussi en français. Tout sourire et visiblement très heureux d'être là, il a usé de tout le temps qu'il a eu à disposition, ponctuant ses titres d'interventions dénotant un sens de l'humour et de l'à-propos contrastant avec le spleen langoureux de ses chansons.
Ambiance en complet décalage sur la grande scène alors que Birth of Joy s'installe. Le trio hollandais aux influences mêlant rock vintage des années 60-70, rock'n roll et boogie-woogie rallume lui aussi le rock psychédélique de l'âge Door(s) des envolées lysergiques ainsi que les riffs dantesques à la Led Zeppelin. Ils confirment la bonne impression que donne leur premier album et nul doute que par la suite ils continuent leur ascension sur les grandes scènes des festivals européens.
Il est 20h00 et le Reverand Beatman va officier avec The Monsters. Et là on ne parle plus de rock survitaminé, on peut même parler de rock'n trash absurde faisant ressortir le monstre au fond de nous pour pogoter à tout va. Ambiance musclée sentant la bière, la sueur et de sciure (le sol de cette scène est recouvert de copeaux de bois). Si la musique de Birth of Joy peut être décrite comme les sixties sous stéroïdes, celle des Monsters serait le résultat du viol du rock'n roll des fifties par la créature du Dr Frankenstein.
Le moment très attendu de la soirée fut Neutral Milk Hotel. Une légende du rock indépendant américain du siècle passé. Mélangeant folk, rock et cuivres, le groupe a influencé bon nombre d'artiste. Après avoir été dissous en 1999, le groupe s'est reformé en automne 2013 pour une tournée événement alignant le lineup de Aeroplane over the Sea. J'ai dû quitter la grande scène et me mettre à l'écart tant le visuel me faisait penser à un ensemble post-fanfare absurde et c'est ainsi que j'ai pu me concentrer sur la musique et l'apprécier. Mélangeant surréalisme et bizarre, le set alterne entre balades folk en mode guitare-voix et titres plus ambitieux où l'on ne peut que remarquer la qualité harmonique de l'ensemble.
Et voilà comment s'est conclu cette magnifique édition 2014 du Bad Bonn Kilbi Festival constatant que la qualité était comme toujours au rendez-vous mais avec l'impression qu'elle était un cran au-dessus des autres éditions auxquelles j'ai participé.
Pour finir, il faut mentionner les efforts supplémentaires qui ont été faits pour pousser la qualité du son encore plus haut. On peut aussi saluer le travail de l'équipe du festival qui sait se montrer enthousiaste pour mettre sur pied cet événement de passionnés pour passionnés. On se réjouit d'avance de l'édition de l'année prochaine !