Voilà une prise de position politiquement et intellectuellement courageuse. Courageuse et cohérente. Philippe Saurel , maire de Montpelier et président de l'Agglo , fait la démonstration qu'il est urgent aussi de renouveler notre classe politique à tous les niveaux de nos administrations publiques.
Il renvoie en quelques lignes les Bourquin et tous les installés de gauche et de droite à leurs archaïsmes ; il dévoile le profond conservatisme d'hommes et de femmes qui vivent leurs mandats comme dans l'ancien régime on vivait d'une charge ...
Entretien avec Philippe Saurel, maire de Montpellier et de son agglomération :
Comment réagissez-vous aux annonces de François Hollande ?
Nous vivons une période importante de l'histoire du pays. Je suis pour la modernisation de l'État, je ne combattrai donc pas cette réforme. Le fonctionnement des collectivités et l'organisation du territoire la méritent. Je suis donc favorable à cette réforme. On n'invente cependant rien. Relisez La France ligotée, écrit par Georges Frêche il y a vingt ans. Tout était déjà dedans. Il plaidait en faveur des grandes régions, des intercommunalités renforcées et de la disparition des départements.
Quel est votre sentiment sur la fusion entre le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées ?
La position de Christian Bourquin est cohérente : il défend le territoire sur lequel il a été élu. Moi, je ne suis pas opposé à cette fusion. Et je vais me battre bec et ongles pour que Montpellier ne perde pas sa place.
Qu'envisagez-vous ?
Un pôle métropolitain avec des communes qui restent souveraines. Il est vital que Montpellier devienne une métropole aujourd'hui.
Vous n'y étiez pourtant pas franchement favorable ?
Je ne veux toujours pas d'une métropole autoritaire. Le transfert d'Agglo à métropole doit se faire à territoire identique, dans le respect des communes. Je fais mienne la phrase de François Hollande : "Les communes doivent rester les petites Républiques d'une grande République." Les maires doivent garder la maîtrise de l'urbanisme et de leur PLU. Je l'ai proposé aux maires de l'Agglo.
Mais si la loi l'interdit ?
Ce sera négociable, on trouvera un règlement. Je soumettrai au conseil d'Agglo d'ici fin juin une délibération sur le principe du passage en métropole. Les communes auront jusqu'à fin 2014 pour délibérer afin que l'on puisse voter à l'Agglo début 2015. La métropole doit se faire, sinon on regardera passer les avions depuis Blagnac.
Le statut de capitale régionale sera-t-il perdu ?
Il y aura deux grandes villes dans la grande région. Je propose qu'il y ait deux capitales régionales. On peut garder le rang de capitale politique et administrative, Toulouse sera la capitale économique.
14 régions et toujours 22 capitales, ce n'est pas le sens de l'histoire...
Et la Bretagne seule, c'est le sens de l'histoire ? Il faut que Montpellier garde son droit à la parole. Dans cette affaire, il faut avoir à la fois le sens de l'État, et je le montre en approuvant cette réforme, et le sens de son clocher.
Quelles compétences des conseils généraux pourriez-vous récupérer ?
C'est trop tôt, ça dépendra de l'avenir des départements, de la loi, etc. Et il faudra que nous parlions avec Martin Malvy (président du conseil régional de Midi-Pyrénées, NDLR). Nous avons eu un premier contact à Rodez lors de l'inauguration du musée Soulages, le courant est bien passé. De toute façon, seules l'intelligence et la négociation doivent prévaloir. Sinon, nous, les maires, serons très désarmés face aux cartographes qui découpent depuis Paris.