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Arsène Lupin

Publié le 06 juin 2014 par Olivier Walmacq

Arsène Lupin vit ses premières aventures et fait la rencontre d'une femme en quête d'immortalité...

Arsène Lupin : affiche Jean-Paul Salomé

La critique cambriolée de Borat

"C'est le plus grand des voleurs, oui mais c'est aussi un gentleman. Il s'empare de vos valeurs sans vous menacer d'une arme. Quand il détrousse une femme, il lui fait porter des fleurs. Gentleman cambrioleur est un grand seigneur!" Tout le monde a entendu au moins une fois la chanson de Jacques Dutronc (artiste que je n'aime pas spécialement mais cette chanson me fait tripper comme jamais) parlant du cambrioleur crée par Maurice LeBlanc. Pourtant tout le monde veut oublier le sinistre film de 2004. Pour cela rappelons les faits. Arsène Lupin est un film de plus de 21 millions d'euros, coproduction où l'on retrouve également des fonds italiens, espagnols et anglais. De plus, il s'agit primordialement de revenir à la série plus que sur les romans et se met sur le même terrain que Vidocq ou Belphégor. Il sort à la même période que Catwoman également réalisé par un français (mais cette fois-ci pour des américains) et comme Catwoman, c'est un parfait tocard qui est aux commandes. A savoir Jean-Paul Salomé réalisateur des Braqueuses (oui le film avec Catherine Jacob et Clémentine Célarié en caissières se découvrant des envies de richesse), de Restons groupés (oui le film où on doit se taper Samuel Le Bihan et Emma de Caunes sont en roue libre en plein USA) ou de Belphegor justement (qu'Olivier vous a chroniqué récemment et qui est également un grand moment de nanardise).

Arsène Lupin : Photo Jean-Paul Salomé, Kristin Scott Thomas, Romain Duris

Alors certes Arsène Lupin a fait aussi bien que la bouserie avec Sophie Marceau (soit un peu plus d'un million d'entrées), mais il n'a clairement rien d'un succès populaire envisagé pour un aussi gros budget. D'autant que l'accueil critique est désastreux et par ailleurs, même les spectateurs d'Allociné n'en veulent pas (la moyenne presse est plus forte que celle des spectateurs!). Mais bon la TNT se doit comme souvent de nous rappeler cet étron flotteur et je l'en remercie pour m'avoir fait passer une soirée naveteuse de plus (on n'est plus à ça près). Arsène Lupin ressemble à toutes ces grosses productions françaises que l'on attend avec le fusil dans les mains prêt à dégaîner: on sent que cela va être mauvais, que cela a coûté un blinde pour rien et que l'on va se faire un plaisir de lui rendre la monnaie de sa pièce. Bien évidemment, Arsène Lupin est un mauvais film voire un très mauvais film pour un nombre multiple de raisons. La première est bien évidemment que le film veut se la jouer à l'américaine avec bastons et explosions (notamment celle de la fin amenant à un épilogue sans suite, ce qui prouve que nos chers producteurs voulaient jouer franchise), mais sans le talent. Ainsi, l'ensemble ressemble cruellement à un téléfilm de luxe (et encore le mot est faible).

Arsène Lupin : Photo Eva Green, Pascal Greggory, Robin Renucci

A l'image de Belphégor, Salomé montre qu'il n'est pas fait pour ce genre de grosse production, se la jouant un peu Besson avec un récit propice au spectaculaire populaire mais sans la moindre intelligence dans la réalisation pour la rendre attractive. Clairement, il ne se passe rien devant la caméra de réellement intéressant, mais en plus Salomé se rapproche plus d'une fois de Pitof notamment lors du délire hallucinogène de Pascal Grégory. L'image devient dégueulasse avec des filtres jaunâtres pas beaux du tout. Le film n'impressionne pas et en dehors peut être des costumes ou de la reconstitution d'époque, on a bien du mal à voir où est passé le budget faramineux. Bon en même temps on se posait déjà la question déjà la question sur le film avec Marceau... Le pire est que le film ne parvient jamais à être divertissant. La quête de Lupin, à savoir qui a tué son père, prend des proportions délirantes preuve que le réalisateur ne savait vraiment pas quoi faire avec son personnage principal. On en vient une nouvelle fois à faire le rapprochement avec Pitof et son Vidocq qui avait un twist totalement imparable de connerie. A cela rajoutez un trauma de jalousie entre deux femmes et vous aurez le jackpot d'une "origin story" d'un personnage comme savent en général le faire les américains avec les super-héros de comics.

Arsène Lupin : Photo Jean-Paul Salomé, Romain Duris

Sauf que là on parle littérature française et autant dire que voir un personnage aussi classe qu'Arsène Lupin devenir une caricature de grosse production débile et pétaradante fait mal au cul. Un peu comme le délire Fantomas que voulait produire Thomas Langmann avec Christophe Gans aux commandes. Heureusement on a évité le carnage. Il est d'autant plus dommage que le film revenait à La comtesse de Cagliostro, soit un roman phare de la série crée par Maurice Leblanc. Ainsi, Lupin sauvait une femme immortelle qui n'est pas sans rappeler la comtesse Barthory, cette femme qui se nourissait du sang de jeunes femmes pour rester jeune, et se retrouvait avec de forts ennuis avec. Là cela devient n'importe quoi avec Beaumagnan devenant le père d'Arsène Lupin (et qu'il essaye de tuer par dessus le marché, ce qui est fort crédible...), Joséphine Cagliostro qui tue Clarisse par jalousie et Arsène qui se fout sur la gueule avec les deux en espérant faire quelques braquages. Si encore Lupin était aidé par son acteur mais même pas. Romain Duris a surtout l'air ridicule en dandy, limite singe t-il le Bébel de la grande époque où il se balançait de toit en toit. Quant à Pascal Grégory à l'image de son rôle, il est complètement à côté de la plaque. Kristin Scott Thomas et Eva Green tirent leur épingle du jeu mais sans jamais réellement charmer. En espèrant que TF1 n'essayera pas de faire un reboot pour la télé, ils avaient bien essayé avec Vidocq...

Arsène Lupin : Photo Jean-Paul Salomé, Romain Duris

Sans charme, sans intérêt et pas distrayant pour deux sous: voilà comment résumer cette piètre grosse production en forme d'"origin story" à deux balles. 

Note: remboursez!

Note naveteuse: 14/20


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