Barbarossa x JBMT

Publié le 06 juin 2014 par Jebeurrematartine @jbmtleblog

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A l’occasion de la sortie de son dernier EP, Elevator, nous avons rencontré Barbarossa pour parler avec lui de sa musique, de ses influences et de sa barbe.

Bonjour Barbarossa,

Débutons avec cette question qui nous démange à tous : ton nom a-t-il un rapport avec ta majestueuse barbe rousse ?

La barbe est une des raisons de mon choix. Quand j’étais en Italie, j’ai goûté une excellente bouteille de vin rouge avec ce nom dessus. J’ai juste vu le mot, et je me suis dit « C’est génial, je veux l’utiliser ! ». Il y avait aussi cette photo d’un homme avec une énorme barbe rousse qui ressemblait à mon grand-père… J’ai découvert plus tard que ce mot voulait dire « Barbe rousse ». Donc je n’ai pas choisi le nom pour ça, c’était une sorte de bonus.

Ton pseudo est italien, tout comme le titre de certaines de tes chansons – « Pagliaccio » par exemple. Tu as des liens particuliers avec l’Italie ?

Ma femme est à moitié italienne, voilà le lien ! Et Pagliaccio veut dire « clown ». En fait, nous étions à la plage, je mettais de la crème solaire sur mon visage, et elle m’a dit que je ressemblais à un « Pagliaccio ». J’ai juste répondu « Redis ça ? Tant pis pour l’insulte, j’aime ce mot ! ».

Il y a une grande différence entre ton premier album très acoustique, et le deuxième, beaucoup plus électro. Ce nouvel EP est aussi un peu plus avant dans l’électro : c’est un tournant que tu assumes ?

Je n’y réfléchis pas vraiment, tout dépend de ce à quoi je m’intéresse sur le moment. Je ne me dis pas « Je vais faire un album acoustique » ou « Je vais faire un album électronique ». Quand j’ai arrêté de faire de la musique plus acoustique, c’était simplement parce que cela ne me permettait d’exprimer tout ce que je voulais donner. Je voulais insuffler plus de poids aux morceaux. L’écriture des chansons a changé entre le premier et le second album, et encore une fois pour ces nouveaux titres elle a évolué. Je pense que ces morceaux correspondent à une démarche plus électronique, plus sombre, avec des rythmes plus puissants.

Quelles sont tes influences en termes de musique ?

J’écoute beaucoup Massive Attack, Portishead, LCD Soundsystem… J’adore Little Dragon ; j’aime vraiment « Ritual Union », et aussi leur dernier album sorti. J’aime aussi assez un projet de Sufjan Stevens avec Son Lux qui s’appelle Sisyphus.

Quels sont les coups de cœur musicaux dont tu as honte ?

Il y en a sûrement plein ! J’aime la musique Pop, mais la bonne musique Pop. J’écoute Beyonce et Robyn, des artistes très connus du même genre. Mais je pense qu’elles font quand même de la qualité : je ne me dis pas « Si c’est vraiment commercial, ça ne m’intéresse pas ». J’adore la musique pop quand elle est bien faite, et je pense que c’est une des choses les plus compliquées à faire correctement.

Dans quel cadre conseilles-tu d’écouter ta musique ?

Je pense que ma musique fonctionne très bien en conduisant la nuit à travers la ville, avec les lumières…

Tu es né, tu vis et tu travailles à Londres. Est-ce que cette ville a influencé ta musique ?

J’en suis certain, par ses bons et ses mauvais côtés. D’abord, rien qu’en vivant dans cette ville en tant qu’artiste avec peu de moyens, et en étant simplement confronté à la réalité des différentes cultures. Aussi de se retrouver face aux différentes classes sociales, toutes mélangées… Je me promène dans les rues et je suis comme une éponge ; je ne peux pas ignorer la pauvreté ou les problèmes. C’est vraiment quelque chose que j’intègre, donc ça a clairement une influence sur ma musique. Et c’est tout ce que je connais! Je n’ai vraiment vécu qu’à Londres. Il est difficile de savoir à quel point cela va t’affecter jusqu’à ce que tu vives véritablement quelque part.

Ton EP est en lien avec le nouveau court-métrage de ta femme Montserrat Lombard, « White », n’est-ce pas ?

Oui, ma femme est réalisatrice, actrice et écrivaine. Elle écrivait un court-métrage en même temps que je composais mon EP, donc les deux se sont en quelque sorte infiltrés. Je vais faire une partie de la bande-son du court-métrage, et une partie de l’EP sera aussi utilisée. C’est quelque chose qui est arrivé naturellement, de façon coordonnée ; on s’est dit que l’on devrait combiner les deux, car les images fonctionnaient très bien avec la musique, et vice-versa.

Tu cites souvent comme référence le film Buffalo 66. Est-ce que le cinéma t’inspire?

Pour ce qui est de Buffalo 66, j’avais le film et sa BO en tête. C’est un film un peu « vintage », au niveau de sa photographie mais aussi des instruments utilisés pour la musique – comme ceux que j’utilisais quand j’enregistrais Bloodlines. Quoi qu’il en soit, le cinéma m’influence beaucoup. Étant donné que ma femme est actrice et réalisatrice, je suis confronté à des créations incroyables. Donc je suis vraiment ravi de composer pour ce film, et de le faire plus à l’avenir.

Si tu avais l’opportunité d’écrire une autre BO, quel film choisirais-tu ?

Under the skin, avec Scarlett Johansson, ou quelque chose du genre.

Ton dernier EP est un CD turquoise, avec une esthétique très étudiée. Est-ce important pour toi que ta musique ait une belle mise en forme ?

Je pense que si tu regardes quelque chose de beau, cela t’aide à te transporter avec la musique. Par exemple, j’adore les vinyles. Tu peux les regarder, c’est lourd, c’est vieux… J’aime beaucoup sentir les choses. Je ne suis pas du tout contre les versions digitales, mais il y a quelque chose de très spécial avec les vinyles en particulier, comme le moment où l’on met le disque en marche. Aussi, le son est très bon. C’est juste ce côté humain qui manque dans la musique digitale.

Es-tu plus musées ou Street art ?

Je ne peux pas dire que je n’aime pas les musées ; j’aime l’art expressionniste de Jackson Pollock ou Cy Twombly. Mais j’ai travaillé un temps dans une galerie de Street art, appelée « Pure Evil ». J’y ai beaucoup appris sur le street art, et sur des personnalités comme Roa, Swoon… J’apprécie l’art quand il est à des endroits intrigants, et je pense que cela peut hanter l’expérience que tu as d’une ville ou d’une culture, comme c’est le cas au Brésil par exemple. Il y avait aussi Aiko, basé à Brooklyn ; j’ai eu l’opportunité de rencontrer tous ces gens. Clairement, je suis certain qu’une partie de ça a filtré au cours de l’élaboration de Bloodlines.

Quelle est la meilleure surprise que tu aies eue sur scène ?

L’année dernière, j’ai eu énormément de surprises sur scène – et très sincèrement, l’une d’elles était au Trabendo, à Paris. Ça a été un moment marquant pour moi, jouer pour la première fois Bloodlines à une audience plus importante, et l’incroyable réception du public. C’était la dernière soirée de notre tournée, elle n’aurait pas pu être meilleure, c’était très approprié. Et je le pense VRAIMENT, je ne dis pas ça dans chaque ville où je vais ! (Rires)


Since his new EP Elevator will be released soon, we met Barbarossa in order to talk with him about his music, his influences, and his beard.

Hi Barbarossa,

We had to begin with this question we all have : is your name linked to your majestic red beard ?

Well, the beard is one of the reasons. When I was in Italy, I was introduced to a very good bottle of red wine with this name on it, I just saw the word, and I thought “That’s amazing, I wanna use that!”. Also there was a picture of a man with a big red beard, who looked a little like my granddad. I found out later that it meant “Red Beard”. So, I didn’t choose the name because of that, it was a bonus.

Your name is Italian, and so are the titles of some of your songs, like « Pagliaccio ». Do you have any link with Italy ?

Yes, my wife is half-Italian ! And Pagliaccio means “clown”. In fact, we were at the beach, I was putting sun cream on my face, and she said I looked like a “Pagliaccio”. I just answered “Say that word again? Never mind the insult, I like that word!”.

There is a huge difference between your acoustic first album, and the more electronic second one. This new EP is also a step further into electronic music: is this a turn you’re willing to take?

I don’t really think about it too much, it depends on what I’m interested in at the time. It’s not like “I’m going to do an acoustic album” or “I’m going to do an electronic album”. When I stopped doing the more acoustic stuff, it was just because it wasn’t really getting everything I wanted to get across. I wanted the songs to have more weight to them. The songwriting changed a bit from the first album to the second one, and again, for the new songs, it has evolved. I think the songs suit a more electronic backdrop, darker with tougher beats.

What about your musical influences?

I listen to Massive Attack, Portishead, LCD soundsystem… I’ve really been enjoying Little Dragon, I love Ritual Union, and the new album that came out as well. I also really like a project by Sufjan Stevens with Son Lux called Sisyphus. There’s this amazing track called “Take me”. When I’m recording or writing, I don’t really listen to music, I try not to be influenced too directly. There are some exceptions, Turbine was one in particular with the chart “Can I have it like that”. It’s got a really heavy baseline, and that was when I just had bought this new analog synth. That one was more direct, but that’s quite rare when it happens as directly as that.

Do you like some music that you’re ashamed of?

There are probably lots! I like Pop music, but good pop music. I’d listen to Beyonce and Robyn, big artists like that. But I think they’re still making good; it’s not like “if it’s really commercial, I’m not interested”. I really love pop music when it’s done well, and I think that it’s the hardest thing sto get right.  

Which environment would best suit your music?

I think, for me, that my music works very well driving at night through the city, with all the lights…

You were born, raised and still work in London, did the city influence your music?

I’m sure of that, the good and the bad. First, by living in this city as an artist with little money, and just being confronted with the reality of all the different cultures. Also the classes, mixed to each other… I walk around the streets and I’m like a sponge, I can’t ignore poverty or struggles. I really take it in, so that definitely influences my music. And that’s all I know! I have only really lived in London. It’s hard to say how it’s going to affect you, until you really live somewhere.

Your EP is linked to the new short film of your wife Montserrat Lombard, “White”, right?

Well, my wife is a director, actress and writer. She was writing a short film at the same time as I was making the EP, so they kind of filtered into each other. I’m going to do some of the music for the short film, and some of the EP is going to be used in the movie. It was something that happened alongside each other, and then we were like “we should combine this”, because the images worked with the music, and the music worked with the images.

You often quote the movie Buffalo 66 as a reference. Does cinema influence you?

According to Buffalo 66, I kind of had that film and its soundtrack in my head, it sounded quite “vintage”, the look of it and the instruments that are used for its music, like the ones I used for the recording of Bloodlines. Anyway, I think cinema influences me a lot. Because of my wife and her activity as an actress and director, I get exposed to incredible cinema. So I’m really excited to do the music for this film and doing more of that in the future.

If you had had the opportunity to write another soundtrack, which movie would you chose?

Under the skin, with Scarlett Johansson. Something along those lines.

Your last EP is a turquoise CD, with a really thought look: do you think it’s important for music to have a beautiful “materialization”?

If you can look at something beautiful, I think it helps to take you somewhere with the music. For example, I really love vinyl. You can look at this thing, it’s big, and it’s old… I think it’s nice to feel things. I’m not against digital at all, but there’s something very special about vinyl in particular, like putting the record on… And I think it sounds great as well. It’s just like that human element that is missing in digital music.

Are you more Museums or Street-Art?

I couldn’t say I don’t like museums. I like quite expressive art like Jackson Pollock, or Cy Twombly… But I worked in a street-art gallery, called “Pure Evil”, and I learned a lot about it, and people like Roa, Swoon… I like art when it’s in interesting places, and I think it can haunt your experience of a city and a culture, like some of the stuff you have in Brazil. There’s also Aiko, based in Brooklyn; I got to meet so many of these people. Definitely, I’m sure during the making of Bloodlined, some of that has filtered in.

What was your best surprise ever on stage?

Last year, I’ve had so many incredible surprises on stage, and absolutely honestly, one of them was the Trabendo in Paris. That was quite a moment for me. Playing Bloodlines for the first time to this bigger audience, and the reception was incredible. It was the last night of the tour, it couldn’t have been any better. That was very appropriate, but I MEAN it, I don’t say that in every city! (Laughs)

Ariane Fleury

Elevator (EP) par Barbarossa


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