Le Pontet, Fréjus, Béziers, un point commun entre ces trois communes du sud de la France, elles sont toutes gérées par le Front national ou l’un de ses alliés. Près de deux mois après l’élection municipale, la politique menée localement par l’extrême droite fait déjà des dégâts. Premières victimes, les classes populaires. En effet, après l’éviction des enfants de chômeurs biterrois des activités périscolaires, certaines communes frontistes ont décidé, dans l’indifférence médiatique quasi générale, de s’attaquer aux structures d’action sociale (centre sociaux, CCAS…) en réduisant de façon éhontée les subventions qui leurs sont allouées.
Les structures d’action sociale, que sont notamment les centres sociaux ou encore les Centres communaux d’action sociale (CCAS), ont pour mission d’accompagner de soutenir et de venir en aide localement aux populations les plus démunis. Elles participent ainsi à l’amélioration de leurs conditions de vie et favorisent le lien social. Agissant dans des domaines très variés comme les loisirs, la culture, le sport, le développement social ou encore la lutte contre les discriminations, elles apportent une aide de proximité fondamentale dans certains quartiers.
On aurait donc pu croire qu’un parti disant vouloir défendre les classes populaires soutiendrait ces structures et renforcerait même leurs budgets. Cependant, au Pontet, à Fréjus comme à Béziers, c’est tout l’inverse qui se produit depuis la prise de pouvoir par le Front national et ses alliés.
"Béziers sera un véritable laboratoire social" disait Robert Ménard durant la campagne municipale. Aujourd’hui pourtant, le maire d’extrême droite, soutenu par le Front national, a décidé de financer sa baisse des impôts locaux en s’attaquant massivement au financement des structures d’action sociale. En effet, le 27 mai dernier, lors du conseil municipal, il a fait voter une réduction de près de 365 000 euros de la subvention destinée au CCAS de la ville. Une baisse de près de 10% sur le budget de la structure, qui aura assurément des conséquences dramatiques, dans cette ville où près d’un habitant sur trois vie sous le seuil de pauvreté.
Du coté de Fréjus, la situation est sensiblement la même. Le frontiste David Racheline, tout fraichement élu, déclarait au lendemain du second tour, "il est indispensable que nous continuions l’effort d’investissement en faveur des associations fréjussiennes¹". Cependant, quelques semaines plus tard, lors du vote de son premier budget, il a fait adopter une baisse drastique des subventions allouées aux centres sociaux.
Moins 130 000 euros pour celui de la Gabelle (baisse de 65%), moins 135 000 euros pour celui de l’Agachon (baisse de 57%), moins 115 000 euros pour celui de Villeneuve (baisse de 46%)… Pour ces structures, qui dépendent en grande partie des subventions municipales, l’avenir s’annonce plus que jamais compliqué. Des suppressions d’emploi sont même d’ores et déjà envisagées.
Dans le Vaucluse enfin, au Pontet, l’action sociale de proximité est là aussi en danger. En effet à la surprise générale, le nouveau maire, Joris Hébrard, a vivement exprimé son mécontentement il y a quelques semaines concernant les finances du CCAS, qu’il juge "catastrophiques"³. Ces propos n’annoncent rien de bon au vu de la volonté affichée par l’élu frontiste de faire coute que coute des économies². La situation s’avère d’autant plus compliqué, que l’édile a décidé de ne faire élire que des membres de sa majorité au conseil d’administration de la structure, contrairement à ce qui se faisait lors des mandatures précédentes…
Il réside donc plus jamais un écart abyssale entre le discours et les actes du coté du Front national. En effet, si en période de campagne électorale celui-ci annonce vouloir agir en faveur des classes populaires, force est de constater que lorsqu’il est au pouvoir il s’évertue à faire tout l’inverse. L’attaque en règle envers les structures d’action sociale dans plusieurs des municipalités qu’il a aujourd’hui à gérer en ait de nouveau la preuve. Ceci est d’autant plus choquant que pendant ce temps, certains élus frontistes n’hésitent pas à augmenter de façon considérable leur salaires: +14.72% à Cogolin, +15% au Luc, +44% au Pontet…
¹ France 3, 31/05/14.
² Ce qui ne l’empêche pas d’augmenter son salaire de 44% !
³ Du coté de l’opposition les propos du maire ont été accueillis avec une grande stupéfaction: "Les comptes du CCAS ont toujours été équilibrés !"(vice-président du CCAS de 2001 à 2013).