Veber, Tournée de Guillaume II, Le Rire, 26 novembre 1898
L’intérêt de cette exposition, c'est qu'elle considère les préludes de la guerre, ces causes conjuguées qui ont conduit à la catastrophe. La guerre en elle-même ne vient que clore cette exposition. On redécouvre le jeu des engrenages et des ultimatums, l'ambiance de la Belle Epoque, le progrès industriel en marche, etc. Était-ce une conséquence inéluctable que cette guerre ? Tous les choix faits pendant le mois la précédent tendent à le montrer. Et puis la guerre n'était-elle pas quelque chose de trop lointain pour que l'on se souvienne réellement de sa violence ? La France, l'Angleterre, l'Allemagne n'avaient pas connu de guerre sur leur sol depuis plusieurs décennies, ce sont les Balkans et les colonies qui avaient été exposés aux combats récemment. Bref, qui peut dire qu'il savait à quoi s'attendre en se lançant dans le conflit ? Pourtant, l'engrenage ne s'est pas fait tout seul et chacun a des responsabilités dans cette course aux ultimatums. Sans déclarer de grand coupable, la BNF montre bien l'intransigeance des nations dans les semaines qui ont précédé la guerre. Encore un fois, ne manquez pas le site de l'exposition, il est fournit et intelligent. Et pour vivre la guerre du point de vue de deux écrivains, ne manquez pas la correspondance de Rolland et Zweig.Magazine Culture
A la BNF se tient une exposition tout à fait passionnante sur l'entrée dans la Première Guerre mondiale de toutes les nations européennes. Je vous préviens d'entrée de jeu, c'est une expo qui nécessite un peu de temps car elle est riche en documents. L'idée est de montrer les mécanismes qui ont présidé à l'entrée en guerre de toutes les nations européennes. Et l'on n'étudie pas seulement le jeu des alliances, on remonte aux conflits qui ont précédé la Grande Guerre voire à l'état du monde avant 1914.
Nous entrons dans l'exposition par un bel été, les plus riches sont en villégiature, les autres aux champs ou à la ville. L'insouciance règne. Et pourtant, l'archiduc François-Ferdinand a été assassiné au début de l'été. Mais les Balkans sont loin. Et c'est l'étonnement général lorsque la guerre est déclarée le 4 août 1914.
Chaque partie de l'exposition s'attache à montrer précisément le contexte de cette déclaration de guerre. Qu'est-ce que l'Europe de 1914 ? C'est un ensemble de pays en plein boom industriel et économique mais parmi lesquels les inégalités croissent. Politiquement, la démocratie est loin d'être un acquis pour tout le monde. Et les liens familiaux tissés par delà les frontières ne suffisent pas à calmer le jeu : Georges V, Nicolas II et Guillaume II ont beau être cousins, chacun joue dans son coin. L'exposition s'attarde aussi sur le nationalisme, sur les conflits qui ont précédé la Grande Guerre comme celle des Balkans (1912-1913) et sur la valorisation du soldat.
Le visiteur est guidé dans chaque partie de l'exposition par la frise chronologique qui, au jour le jour, du 23 juillet 1914 (ultimatum de l'Autriche à la Serbie) au 4 août 1914, décrit les événements qui conduisent à la guerre : ultimatums, courriers, affiches et manchettes de journaux (sur l'assassinat de Jaurès par exemple), etc. En écho, des grandes figures de l'époque, de Marie Curie à Stephan Zweig, sont présentées à travers une courte biographie qui résume leur position sur la guerre et leur rôle pendant celle-ci.
Enfin, l'exposition se clôt sur les mobilisations et les premiers mois de la guerre. La violence des combats et leur industrialisation donne lieu à des pertes inimaginables autrefois : plus de 20000 français morts le 22 août 1914 !