Ayant la chance de pouvoir visiter fréquemment au Louvre j'ai le loisir d'y dénicher parfois des pépites ignorées du flot de touristes pressés. Un des « chemins de
traverse » que j'affectionne se situe au Département des objets d'art au premier étage de l'aile Richelieu. Dans la salle 71 qui forme une sorte de recoin j'y ai ainsi découvert un «
service encyclopédique » de la manufacture de Sèvres. Ce service fut offert en 1806 par Napoléon à Hugues-Bernard Maret, alors ministre secrétaire d'état, pour le remercier de son rôle
dans le mariage de Stéphanie de Beauharnais, une jeune cousine de Joséphine, avec le prince héritier du grand duché de Bade. Trois ans plus tard Hugues-Bernard Maret fut anobli par Napoléon qui
le fit Duc de Bassano, il resta toujours fidèle à Napoléon, le servant jusqu'en 1814 et pendant les Cent jours.
Pour réaliser ce service la manufacture de Sèvres fit appel au peintre Jacques-François Joseph Swebach dit Fontaine qui s'inspira des planches illustrées de
« L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers » de Diderot et d'Alembert. L'artiste ne se contenta pas de copier les planches mais les recomposa pour
créer une œuvre originale. A noter que ce service fut offert au Louvre en 2007 par une descendante du Duc de Bassano.
L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert est un ouvrage collectif représentatif de l'esprit des philosophes du XVIIIe siècle. Dans le prospectus de l'ouvrage Diderot écrit : « Le but d'une encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre, d'en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons … afin que nos neveux devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux ». Ce qui était innovant dans cet ouvrage était de permettre une vulgarisation scientifique pour un large public. Assez conservatrice en matière politique, l'Encyclopédie se montre critique vis à vis de la religion. L'habilité des rédacteurs consistant à glisser leurs attaques dans les rubriques telles que « préjugé », « superstition » ou « fanatisme ». Publiée entre 1751 et 1765 l'Encyclopédie subit des interdictions en 1752 et 1759 et fut condamnée par le Pape en 1759. Ce sont finalement ses partisans dans l'opinion et à la Cour, y compris la marquise de Pompadour, favorite du roi Louis XV, qui assurèrent son existence.