CULTURE > Expo photos - Jacques Tati nous reparle…

Publié le 06 juin 2014 par Fab @fabrice_gil

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Échappée belle du petit Gérard et de Monsieur Hulot - Mon Oncle - 1958 


Alors qu’il fait l’objet d’une exposition à la galerie Yellow Korner à Paris depuis le 16 avril dernier, les metteurs en scène Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff reviennent sur l’oeuvre du grand cinéaste Jacques Tati. C’est drôle, tendre… et mordant.
Décédé en 1982, voilà que Jacques Tati nous reparle. A l’occasion d’une exposition consacrée partiellement à son œuvre, la galerie parisienne Yellow Korner rend hommage au cinéaste des années 1950 en exposant -pour se les offrir- des photos extraites de ses films emblématiques. 
Sous l’impulsion de Sophie Tatischeff sa fille, Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff ont regroupé le catalogue éparpillé du réalisateur et créer Les Films de Mon Oncle en 2001. Dans le but de préserver, restaurer et diffuser l'œuvre de Jacques Tati, cette mission artistique et patrimoniale rend hommage à l’homme et ses archives, avec comme objectif le rayonnement éternel et légitime de son travail à travers le monde. La restauration de PlayTimecommencée en 2001, fut présentée au Festival de Cannes 2002. En 2004, Les Films de Mon Oncle achève la restauration de My Uncle, version anglaise de Mon Oncle. S’en suivi l’édition exigeante des DVD de ces films avec des bonus originaux et un CD Tati Sonorama! (musiques et bande-sons des films). En 2009, Macha Makeïeff a scénographié avec brio l’exposition "Jacques Tati, deux temps, trois mouvements" à la Cinémathèque française à Paris, y assurant le commissariat avec Stéphane Goudet. La Villa Arpel, décor de Mon Oncle imaginé par le cinéaste et son complice Jacques Lagrange, fut installée grandeur nature au CENTQUATRE (Paris 19). Sublime.
Ici ou là, nous avons tous croisé le regard bonhomme de ce grand personnage fumant sa pipe ou bien l'ombre de Monsieur Hulot sur la plage de Saint-Marc-sur-mer, entre la Baule et Saint-Nazaire. L’humanité, la liberté, la joie de vivre transcrites au travers de ses films ont nourri toute une époque, éprise d’une naïveté rêveuse, indispensable sans doute pour oublier l’effroi d’une guerre insuffisamment gommée. Jacques Tati et son personnage (pas si étourdi), ont eu le mérite de révéler l'indifférence d'un ultra-modernisme stupide, offrant ainsi l’opportunité de réfléchir encore aujourd’hui sur notre condition de vie folle et contemporaine, face à l’incapacité de la maîtriser vraiment. "Je suis contre l’organisation uniforme de la vie moderne. Je ne crois pas que les lignes géométriques rendent les gens aimables (…) Du verre, rien que du verre ! Nous appartenons à une civilisation qui éprouve le besoin de se mettre en vitrines" disait-il d’une voix usée et mélancolique, mais précise et volontiers rieuse.Enfin, en Jacques Tati, il y a aussi un peu de "Marceau", un grand qui nous a quitté, lui aussi. Un "Marceau" gesticulant, toujours débordant de tendresse, dénonçant l’absurdité d’un monde qui s’oublie. Du haut de son mètre 90, le grand Jacques continue (certainement) de nous regarder, interrogateur, au travers des bouffées épaisses de tabac. Et Monsieur Hulot de nous délivrer ses lettres que nous ferions bien de relire… On l’imagine volontiers au 16ème  Dragon à Saint-Germain-en-Laye, ou jouant au rugby en seconde ligne dans l’équipe d’Albert Sauvy au Racing Club de France. Il s’appropriait à lui seul une troisième mi-temps qui laissait ses camarades et le public, hilare. Chacun de ses films est un cadeau. Tati, fils de Guillaume l’Encadreur, petit-fils du comte Dimitri Tatischeff, n’est pas près de s’éteindre.FGInfos pratiques :Exposition du 16 avril au 14 juin 2014Dans toutes les galeries YellowKornerwww.yellowkorner.com