Titre original : Dom Hemingway
Note:
Origine : Angleterre
Réalisateur : Richard Shepard
Distribution : Jude Law, Richard E. Grant, Demian Bichir, Emilia Clarke, Kerry Condon, Nathan Stewart-Jarrett, Madalina Ghenea…
Genre : Comédie/Policier/Drame
Date de sortie : 4 juin 2014
Le Pitch :
Dom Hemingway, un légendaire perceur de coffres-forts, vient de passer 12 ans derrière les barreaux pour avoir refusé de balancer son patron. Lorsqu’il sort, il entend rapidement récupérer l’argent qui lui est du pour récompenser son silence, mais également renouer avec la seule famille qui lui reste : une fille qui ne veut plus entendre parler de ce père trop longtemps absent…
La Critique :
Dom Hemingway est une ordure ! Une brute épaisse habituée aux parties fines, aux rails de coke et aux beuveries interminables. Il est violent, exubérant, grande gueule, super égocentrique, et aime en cela parler de lui à la troisième personne. Un personnage haut en couleurs que ce pur produit de la Perfide Albion, plus près du hooligan que du gentlemen flegmatique. Une ordure donc, mais une belle ordure. De celles qui peuvent offrir l’occasion de briller à des acteurs en mal de rugosité, si ils savent saisir la balle au bond. En l’occurrence, c’est précisément ce que fait Jude Law. Le beau gosse à pris 15 kg. Désormais, le dandy a toujours la classe, mais plus la même que jadis. Là il s’impose grâce à un magnétisme renforcé par une carrure imposante, et par une capacité à aussi bien incarner une menace latente, qu’un caractère profondément pathétique et rigolard. Il vieillit bien le bougre. Ici, il se donne à fond, cabotine certes, mais toujours dans le bon sens. Law l’a compris : Dom Hemingway est un type qui ne souffre d’aucune demi-mesure. Avec ce genre d’enfoiré gueulard, il faut y aller franchement ! Alors il y va, offrant au film ses meilleurs passages. Un long-métrage que le comédien porte d’ailleurs sur ses larges épaules, en lui insufflant au passage toute sa patine.
La performance de Jude Law dans Dom Hemingway fait plaisir à voir. Excellent de A à Z, l’acteur britannique sort de sa zone de confort, à l’occasion d’un film qui n’a pourtant rien d’un chef-d’œuvre. Rien de déshonorant non plus, mais force est de reconnaître que si on ne décroche pas, c’est avant tout grâce à Jude Law. Le reste se coule sur son personnage. L’histoire est taillée sur-mesure.
Alors certes, le film de Richard Shepard n’est pas un chef-d’œuvre. Pour autant, il ne démérite jamais. Il y a du Snatch dans cette histoire de looser magnifique. Un récit écrit dans la plus pure tradition d’un cinéma anglais insolent. Dom Hemingway s’en sort. Richard Shepard a compris qu’il était inutile de vouloir péter plus haut que son cul et qu’il tenait, avec son protagoniste principal, un authentique anti-héros, drôle et plus complexe qu’il n’y paraît. Il axe tout sur Jude Law, au diapason avec les autres comédiens du casting, qui loin de s’effacer, rebondissent avec brio sur la verve et la gouaille de la tête d’affiche. Richard E. Grant est ainsi parfait en compagnon de l’ombre, fidèle et dévoué jusqu’à l’outrance, tandis que Demian Bichir parvient a s’emménager quelques jolies tirades. Emilia Clarke, la fameuse Daenerys de la série culte Game of Thrones, s’acquitte quant à elle du job avec classe, pour sa deuxième apparition dans un long-métrage.
Reposant sur une verve fougueuse, entre humour décomplexé et drame léger, Dom Hemingway trouve la bonne tonalité et ne faillit jamais. Modeste, il offre à Jude Law un rôle en or sur un plateau d’argent. Le réalisateur, de son côté, fait de son mieux pour sublimer le one man show de Law, en expérimentant des ruptures parfois foutraques mais jamais totalement hors-sujet. Il navigue entre le polar, la pure comédie et le drame. Son film est une sorte de fable en forme de farce. L’histoire d’un gars en quête d’une rédemption qu’il n’accepte pas totalement. Doucement il change, mais reste finalement (et heureusement) fidèle à lui même. Parfois les pieds sur terre, d’autres fois surréaliste, Dom Hemingway navigue à vue, entre deux eaux, écoute Motörhead et Jacques Brel (si, si), et rue dans les brancards avec bonne humeur. Rock and roll, le film est à l’image de son personnage et célèbre le virage brillamment négocié, d’un acteur plus tête brûlée que prévu.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : 20th Century Fox France