Montréal était une nouvelle fois à l’honneur à Paris hier soir (4 juin) à l’occasion du concert plutôt intime de Jipé Dalpé organisé sur la jonque amarée de la Dame de Canton.
Ambiance cosy et chaleureuse, entre les va-et-vient de la Seine ; bercements réconfortants se transformant par moment en ballottements parfois déconcertants. Il suffit d’une trompette de poche, d’une guitare et d’un artiste plein d’entrain pour nous faire oublier que nous n’avons plus les pieds sur terre.
Dire que Jipé est à l’aise sur scène serait mentir. Il est à la maison, « au salon » dira-t-il en s’installant pour deux titres au sein du public, en acoustique. Il a même ramené ses potes, les 3 minutes sur mer, avec lesquels il prend grand plaisir à jouer, en interprétant des morceaux assez sublimes préparés spécialement pour rendre hommage à Félix Leclerc (dans le cadre du festival Aurores Montréal). L’équilibre entre le groupe et lui est franchement bon (ils se connaissent très bien), surtout sur ces parties instrumentales où Jipé fait des exceptionnels solos de trompette – modifiant la portée et la couleur du son avec le bout d’une ventouse (oui oui si on vous le dit).
Jipé tout seul, aussi, c’est quelque chose. Un chum content d’être là, sourire et rire aux lèvres. Il nous parle de lesbiennes, de bars, de terroir, de pétard et d’amour. Mais pas que. Il nous parle aussi de sa situation de chanteur francophone au Québec, et de ses difficultés à concurrencer les Justin Bieber (qui est tout aussi canadien que Céline) et autres mârdes qui passent sur les ondes. On compatit bien sur, et on se promet de faire notre part de la job, de faire quelque chose. On se promet surtout de le suivre lui, cet artiste fantasque et désopilant mais si touchant.
Photos : Sabine Swann