Alors que débute aujourd’hui une grande campagne de sensibilisation et de consultation des “aquacitoyens” français - phase numéro 2 du processus de consultation nationale lancé par le ministère du développement durable en avril dernier au sujet des Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) - voilà un petit add’sense pour vous sensibiliser sur la notion d’eau virtuelle…
Ecolo-Info Add’Sense #5 en partenariat avec ACT Responsible - Pub pour Oras, “the story of Mike” (en anglais mais assez explicite!)
On en parle encore trop peu, et beaucoup, j’en suis sûre, ne savent pas de quoi il s’agit. Pourtant cela est simple: vous êtes vous déjà demandé combien de litres d’eau étaient contenus dans un litre de Coca ? Ou dans le reste de votre alimentation et de votre consommation en général ? Non…?
Eh bien la notion d’eau virtuelle vous permet de prendre en compte le nombre de litres d’eau nécessaires pour produire un litre/kilo d’un bien donné. Ainsi votre Coca a un “équivalent eau” de 9 (9 litres d’eau nécessaires à la production d’un litre de cette boisson gazeuse), une feuille de papier 10, une tasse de café 140, un verre de lait 200, le kilo de blé 1.160, un t-shirt en coton plus de 4000 et un paire de chaussures, 8000!
Comme le rappelle cet article du dernier Terra Economica, la notion a été inventée il y a 20 ans par Tony Allan: “chaque année, nous buvons 1 m3 d’eau [ou une tonne] par personne et utilisons 100 m3 pour les travaux domestiques divers. Mais nous consommons près de 1 000 m3 supplémentaires pendant cette même année au détour de la nourriture que nous mangeons” rappelle-t-il. En moyenne, l’empreinte virtuelle s’élève donc à 1 243 m3 par habitant dans le monde. Elle varie néanmoins du simple au triple selon les pays.
Source : A.Y. Hoekstra et P.Q. Hung. Virtual water trade - A quantification of virtual water flows between nations in relation to international crop trade.
A l’échelle des nations, les activités agricoles sont celles qui ont le plus d’impact sur la quantité d’eau consommée… Et les flux commerciaux entre pays peuvent être réinterprétés à la lumière de l’eau contenue dans les produits qu’ils échangent: si vous souffrez de pénuries en eau, alors vous importerez des produits dont la production nécessite des quantités d’eau qu’il vous sera difficile de fournir! Si vous ne souffrez pas d’une telle pénurie, alors vous pourrez produire des biens dont le taux d”‘eau intégrée” (nom originel de l’eau virtuelle) variera en fonction de votre climat, des technologies que vous utilisez et de la nature des sols.
Ainsi, certains pays importateurs en eau utilisent fortement les ressources des pays exportateurs, qui peuvent eux-même être en difficulté… En Thaïlande, un quart de l’eau disponible est utilisée pour produire des denrées agricoles destinées à l’exportation. Aux Etats-Unis, cette proportion est de 1/15ème. Selon l’Unesco, 67% du commerce de l’eau virtuelle est lié au secteur agricole, 23% à l’élevage, et 10% au commerce des produits industriels. Parmi les céréales, le blé est le premier produit échangé (30% du volume total des échanges d’eau virtuelle) suivi par le soja 17% et le riz 15%.
Au final, l’eau virtuelle incarne à elle-seule la complexité des trois grands enjeux de ce siècle: la préservation des ressources en eau, l’enjeu énergétique et l’enjeu environnemental sont en effet indissociables. Il faut donc apprendre à utiliser l’eau plus efficacement en maîtrisant des technologies de pointe, mais aussi à limiter la soif des consommateurs! Nous sommes tous des Mike en puissance, alors à nous de faire attention aussi à nos choix!;-)
++ En savoir plus ++
Au sujet de la campagne du gouvernement - 15 avril/15 octobre 2008 :
- “Consultation sur l’eau, Mode d’emploi”, Actu-Environnement - 16 mai 2008
- La campagne du gouvernement, “L’eau c’est la vie. Donnez-nous votre avis !”: du 19 mai au 15 octobre 2008, menée par les six comités de bassin qui couvrent le territoire français. Un questionnaire sera envoyé aux 28 millions de foyers français. Parallèlement, une campagne de sensibilisation sera menée à la télévision et à la radio. Chaque questionnaire présente les mesures prévues par les agences de l’eau sur la période 2010-2015 dans le cadre de leur SDAGE. Les associations écologistes encouragent vivement cette consultation. Selon le gouvernement, 38% des masses d’eau françaises sont actuellement en “bon état”. L’objectif retenu lors du Grenelle de l’environnement est de parvenir à 66% en 2015 et à plus de 90% en 2021.
- Plus d’infos sur le site http://www.eaufrance.fr
Au sujet de l’eau virtuelle :
- Définition de l’Eau Virtuelle par le World Water Council
- Définition de l’eau virtuelle sur le site de l’année Internationale de l’eau Douce 2003
- Expo “l’Eau Pour Tous” à la Cité des Sciences
- “Le savant qui met l’eau à la bouche”, Terra Economica n°55, mai 2008
- Dossier de l’Internaute, Juillet 2005
- Au sujet de la consommation virtuelle en eau des pays (études académiques sur le sujet)
- Les dangers de l’eau virtuelle, Unesco
- Aman Iman, article très complet d’Yves Rosenbaum sur Naturavox
Les solutions pour les particuliers :
- Passez au bleu!
- Water Foot Print Calculator
- Plusieurs sites référencés dans la barre d’outils vous permettent également d’acheter des économiseurs d’eau ou autres installations permettant de diminuer vos consommations d’eau… N’oubliez pas non plus les gestes simples (couper l’eau quand on se lave les dents, préférer la douche au bain, mettre une brique dans le réservoir d’eau des toilettes, utilisez l’eau de cuisson des pâtes pour tuer les mauvaises herbes, etc.)