48:13 s’ouvre sur une instrumentale comme il y en aura d’autres dans le disque. (Shiva) sent l’électro planant avant que le groupe n’envoie l’artillerie lourde sur Bumble Bee qu’on a pu entendre en live lors de leur passage au Bataclan, fin avril dernier. L’intro et le refrain sont violents et laissent présager quelques pogos dans les concerts de Kasabian. Le couplet est beaucoup plus posé, révélant un Tom Meighan en « ecstasy ».
Le premier coup de foudre n’est autre que Stevie. Dès les premières secondes de violoncelle, on est sous le charme. Stevie est une sorte de croisement entre Reason is Treason (la batterie n’y est pas étrangère) et Take Aim. On sent la puissance de Kasabian d’un bout à l’autre du morceau. A cela, on ajoute une large dose de mélancolie et d’urgence, et on obtient un chef d’œuvre. Voilà qui est dit. Histoire de se remettre de telles émotions, il nous faudra bien un interlude. (Mortis) nous rappelle le projet de Danger Mouse, Rome, sans doute son côté western assumé.
Doomsday est une de ces chansons pas prise de tête, sûre de secouer les foules en concert. « What you see is what you get with me » balance Meighan avant d’enchaîner dans un flot interminable et un refrain, d’une efficacité dont seuls Kasabian ont le secret. Treat revient dans un rythme plus électro avec une basse entêtante supportant les voix de Sergio Pizzorno et Tom Meighan. Kasabian reviennent à leurs premières amours. Là encore, on sort les gros sons électro, on rappe et là-dessus, s’ajoute une grosse guitare électrique, histoire de lier le tout. Puis à mi-chemin, on a l’impression de retrouver une outro comme on en avait dans le 1er album éponyme du groupe. La basse revient à la charge et on est parti pour 3 minutes de trip électro excellent. On sent bien qu’en live, Treat devrait faire son petit effet. What a treat ! (oui, c’était facile !).
Pour Glass, Sergio reprend le micro pour offrir un titre plutôt sombre entre électro et acoustique. L’ensemble est froid et respire la détresse « Save me from this world ». La fin de Glass est principalement un slam de Suli Breaks revenant sur l’état léthargique du monde actuel, avec des allusions à des personnages ayant marqué l’histoire, comme Rosa Parks ou JFK. Qui a dit que Kasabian n’étaient que des branleurs sans cervelle ?
Explodes est sans doute la suite logique. Les voix de Pizzorno et de Meighan se mêlent dans un chant électro. Le moral n’est toujours pas au beau fixe. Et ça les empêche même de dormir. Musicalement, les explosions électroniques viennent réveiller les plages planantes jusqu’à un final tout aussi torturé et inquiétant. Encore un coup de cœur auditif. L’instrumentale (Levitation) s’ensuit et nous rappelle Jefferson Airplane. Pizzorno nous invite à monter dans sa machine. On te suit, Sergio !
Direction les nuages avec Clouds (oui, encore une fois c’était facile). Les Kasabian nous servent cette fois-ci un morceau digne des stades. Un couplet d’abord un peu « étouffé » avant que le refrain très Stone Roses vienne élever les esprits. On s’envole loin de la lourdeur et la noirceur des deux chansons précédentes, et ce n’est pas plus mal.
Dans la catégorie « chanson délire », on demande Eez-Eh. Depuis la première écoute déroutante, on a accroché à ce single déluré invitant à la fête. On n’a pas fini de la passer pendant nos soirées. Si tu ne secoues pas la tête dessus, on ne peut plus rien pour toi !
La fin s’amorce sur deux titres. Bow prépare d’abord la descente avec Sergio Pizzorno au micro. La fin d’une histoire vient refroidir la bonne ambiance installée par Eez-Eh. En même temps, les sons électro aident bien à synthétiser et glacer l’atmosphère. Bow est triste, lente et pourtant prenante et pleine de force. Et encore un véritable coup de cœur chez Toute Ouïe.
A la vue du dernier titre, S.P.S., on ne peut s’empêcher de penser à L.S.F.. Sans doute un petit clin d’œil de la troupe de Leicester. Mais contrairement à L.S.F., S.P.S. (Scissor Paper Stone) est une petite ritournelle à la guitare. On imagine bien Pizzorno au pied d’un arbre avec sa guitare en train de jouer son petit morceau en compagnie de Tom Meighan, Ian Matthews et Chris Edwards, devant un feu de bois. Oui, on part sans doute un peu loin.
48:13 est disque dense et riche. Il n’y a pas un seul morceau à jeter. Le groupe continue son bonhomme de chemin mais vient de faire un pas de géant avec cet album, absolument étourdissant. On ne sait pas sur quel pied danser, ni si on doit pleurer mais on se laisse transporter dans un très bon trip dont on n’a pas envie de partir. On réécoute l’album en boucle du matin au soir sans s’en lasser. Franchement, chapeaux les mecs !