Les danseuses nues veulent bloquer le projet C-57 du fédéral

Publié le 13 mai 2008 par Ttiger

Les danseuses nues veulent bloquer le projet C-57 du fédéral

Justine Mercier

Le Droit

Une quarantaine de dirigeants et d’employés de bar de danseuses nues étaient réunis à l’hôtel de ville d’Ottawa, hier soir, afin de trouver des idées susceptibles d’empêcher l’adoption du projet de loi conservateur C-57, qui pourrait empêcher les effeuilleuses étrangères d’obtenir un permis de travail au Canada.

Selon Tim Lambrinos, directeur général de l’Adult Entertainment Association of Canada (AEAC), l’adoption du projet de loi C-57 mettrait en péril toute “l’industrie du divertissement pour adultes”. Il estime qu’”entre 600 et 700 danseuses exotiques” travaillent actuellement au Canada, et que leur présence est nécessaire. “À Toronto, dit-il, il y a cinq bars qui ont fermé au cours des quatre dernières années, faute de personnel.”

C’est la ministre de l’Immigration, Diane Finley, qui a déposé le projet de loi en mai dernier, dans le but d’enrayer les risques de trafic humain. Aux yeux de l’AEAC, un emploi de danseuse au Canada peut, au contraire, rendre service à certaines femmes étrangères. “Nous sommes Canadiens, nous devrions ouvrir nos portes à ces femmes qui ont besoin de notre aide”, estime l’un des dirigeants de l’association.

L’AEAC propose entre autres l’encadrement obligatoire de chaque femme par un membre actif d’une association reconnue. Elle souhaiterait de plus que les agences ne soient plus autorisées à remplir les demandes d’applications des travailleuses, ce qui, selon l’AEAC, diminuerait les risques d’immigration forcée.

Trafic humain

Katrina (nom fictif), dans la vingtaine, danse dans un bar du centre-ville d’Ottawa. Elle a débuté cet emploi il y a environ sept ans, dans le but de pouvoir voyager à travers le monde. “Si tous les pays décident de bloquer les permis de travail, ça va être difficile, estime-t-elle. Le trafic humain, c’est un gros problème, mais même avec la loi, ceux qui veulent le faire vont réussir à le faire.” Katrina soutient avoir rencontré plusieurs danseuses étrangères qui ont trouvé au Canada des conditions de travail bien meilleures que celles de leur pays d’origine.

Le directeur général de l’AEAC n’a de son côté pas voulu établir un lien entre l’octroi de permis à des danseuses exotiques et le trafic humain au Canada. “Je ne suis pas prêt à établir une corrélation entre cela et les danseuses étrangères”, a mentionné M. Lambrinos.

Payer des impôts

Quelques danseuses ont pris la parole au cours de la rencontre, invitant haut et fort la ministre Finley à accepter de rencontrer les membres de l’AEAC. “Nous travaillons fort, je paye mes impôts, et je me sens plus en sécurité dans mon bar que dans n’importe quel autre bar”, a lancé l’une d’entre elles.

En mai dernier, l’organisme The Future Group de Calgary a octroyé la note F au Canada, le pire résultat des huit pays cotés au niveau du trafic humain, en raison du non respect des obligations prévues au protocole de l’ONU sur la traite et le trafic illicite. Selon la Gendarmerie royale du Canada, le nombre personnes amenées au Canada à des fins d’exploitation sexuelle par des groupes criminels organisés oscille entre 600 et 800 par année.