Ce matin, je me suis levée avec une seule envie, celle de trouver le soleil, là chaud et rayonnant sur le bel oreiller à côté du mien. Marre d'attendre, sans précipitation, mais avec détermination, j'ai laissé un message sur le mobile de mon chef d'équipe pour siganler une possible absence, une envie pressante. Aussitôt j'ai sauté sous la douche, pour dévaler en tenue détente mais de saison les escaliers. Rien ne m'arrêterait !
Le bus partait en se moquant de mon décalage, alors j'ai decidé de courir à côté car paradoxalement dans ce monde merveilleux et moderne, j'allais plus vite à pied sur le trottoir que les véhicules dans le bazar de la circulation. Sans parapluie, le dernier ayant rendu l'âme et ses baleines dans un coup de vent brutal, dans une rue tranquille, me laissant douchée en plein public, habillée bien sûr. Alors là, maintenant, je suis allée en tunique de couleur corail, en ballerines, sautant au dessus des flaques, volant vers ma destination du jour. Droit vers ce grand magasin, oubliant les supéretttes et autres petites magasins spécialisés. C'était encore fermé, mais j'ai pris deux chariots pour faire le plein, une quête de gourmandises, pour moi et puis les copines.
Là avant même la sonnerie, j'ai pris place, en tête de la queue, pour être la première à m'engouffrer dans cet hypermarché, ce lieu qui vous promet tout, qui vend de tout. Je me suis glissée sous le rideau en fer qui montait doucement, pour rouler à fond dans les rayons, sans concession. Je serai la première.
Obsession depuis quelques jours, surtout depuis que le déluge m'avait collé ma robe de printemps, un liberty rose, trempé, collé à mon corps. Marre de cet eau, car je ne suis pas cousine avec Noé. Marre de cette verdure qui reste un festival d'escargots en rut, baveux et glissant comme des skateurs sur toutes les surfaces. Plus de mode visible pour retourner vers l'invisible de l'uniformité avec des bottes en caoutchouc, des gabardines, des ponchos et autres trenchs tristes comme une averse sans fin derrrière un dolmen breton, en plein mois d'août. Marre de cette masse gluante et humide, qui me prive de beauté, de chaleur, de véritable renouveau au féminin pour fêter le printemps. Marre de voir mes sandales faisant grise mine malgré le vernis rouge de mes orteils. Rien ne va plus.
Et cette robe argentée, si tendance, si paillettes et folle soirée en terrasse, cachée sous un pull dans une salle bondée, personne n'aime l'eau froide.
Marre, marre, marre de cette flotte ! Une mare entière sur le goudron, je tente le double salto carpé avec saut périlleux avant, il ne manque plus que le plongeoir.
Alors là, je fais les boucles, les volutes et tous les rayons, entre charcuterie et produits ménagers, vaisselle et jardinage, lingerie et boissons, pâtés pour chats et poissonnerie, rien, aucune étagère avec ma demande. Des parasols certes, désespérés comme les crèmes solaires, des bikinis larmoyants, mais rien. Des piscines, des barbecues, des promotions sur les merguez mais pas mon produit.
Alors avec la même détermination, la même envie originelle, je suis allée voir la caisse centrale, le lieu de toutes les réponses, de tous les trésors.
Et j'ai demandé si il avait encore du soleil en stock, où ? quel type de livraison, à domicile ou même chez des amies ? par pallettes ou simplement dans mes deux chariots, là maintenant ? où ? quand ? comment ?
J'ai eu droit à un sourire vendeur, il en manquait, mais il me proposait un pack ciel bleu, sans nuage, avec un escabeau géant pour atteindre la plus grande hauteur. Le kit comprenait un guide tout-en-un, une casquette pour les projections et même une paire de lunettes pour contempler après finition. Un joli kit appelé "printemps", satisfait ou remboursé.
Nylonement