Maintenon ? Ce nom vous évoque certainement Louis XIV, ou plutôt l’une de ses maîtresses, devenue sa femme en octobre 1683 et qui a accompagné le crépuscule du Roi Soleil : Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon.
Mais Maintenon, c’est d’abord une petite bourgade de 4 500 habitants, lovée entre Chartres et Rambouillet devenant quelque peu un dortoir pour Parisiens. Au milieu du village : le château.
Celui-ci, au premier abord, est très équilibré dans son déséquilibre – un peu comme « la confusion dans la clarté » de Denner : il n’est ni trop grand, ni trop petit, ni trop haut, ni trop bas et sa construction sur plusieurs siècles, largement visible, lui donne tout son charme.
Le donjon médiéval se dresse fièrement. Datant du XIIIe siècle, c’est la partie la plus ancienne de la demeure. Trois tours rondes viennent compléter le quadrilatère, reliées par des courtines, sans doute fortifiées. Au fur et à mesure, elles sont remplacées par des corps de bâtiment : le logis est construit par Cottereau vers 1510, avec pont-levis et poivrières. Puis, la fonction militaire s’efface progressivement, le même Cottereau faisant bâtir l’aile est quelques années plus tard, dont les ouvertures sont plus larges et les murs moins épais. En 1674, Françoise d’Aubigné rachète la bicoque et le Roi lui donne le titre qui va avec ! Quelques années plus tard, l’aile ouest sort de terre ainsi qu’un bâtiment reliant le château à l’église. Sous le Second Empire, les Noailles, alors maîtres des lieux – ils le seront jusqu’en 1983 – modifient les façades dans un style bien de leur époque (hélas). Endommagé par des bombardements américains, le château est restauré patiemment par ses derniers propriétaires privés. Construit en briques à parement de pierres, hormis le donjon et les ouvrages défensifs, il est élégant mais conserve son architecture militaire et sa forme antique. Pour les intérieurs, n’oubliez pas d’admirer :- le donjon, redoutable et austère. Un escalier en colimaçon mène au chemin de ronde et à ses combles dont la charpente est de toute beauté. De là-haut, le panorama est éblouissant.
- les appartements dits de Madame de Maintenon, reconstitués au XIXe (seules les tomettes sont d’époque) : admirez les murs recouverts de cuirs, le mobilier du XVIIe, le clavecin, les tapisseries… Evitez de trop regarder la cheminée… qui date des années 30 !
- les appartements privés des Noailles, dans l’aile est. Les pièces se succèdent, très agréablement meublées et décorées. Le salon du Roi est de toute beauté (même si les peintures sont des copies du XIXe). La visite s’achève par la bibliothèque, la salle de billard et la grande galerie du XIXe siècle, portant les portraits des membres illustres de la famille Noailles.
Si vous avez bien suivi, nous avons parlé de trois côtés du quadrilatère originel. Et le quatrième ? Il n’y en pas ! L’espace reste ouvert et donne sur les jardins.
Et quels jardins ! Ils ont tout simplement été dessinés par Le Nôtre, qui a pu utiliser à bon escient une ressource inestimable, absente à Versailles : l’eau. Ils débutent par un petit jardin à la française très ouvragé, recrée il y a quelques années, prolongé par un parc où paresse un canal bordé d’allées plantées passant sous l’aqueduc ! L’aqueduc ? Oui, oui, un aqueduc, comme chez les Romains ! Construit pour alimenter Versailles en eau depuis l’Eure (83 kilomètres de haut, 73 mètres de hauteur maximale, quand même !), il n’a jamais été achevé – il manquait 29 kilomètres – les caisses étant vides et la machine de Marly beaucoup plus pratique. Ses ruines impressionnantes traversent le parc du château de Maintenon, des arbres et buissons épineux poussent ici ou là. Se reflétant sur le canal, l’image est saisissante, c’est un tableau vivant d’Hubert Robert ou d’autres peintres élégiaques des XVIIe et XVIIIe siècles. C’est vraiment très étonnant, surtout quand le ciel est dégagé.Cette description vous a donné envie ? Alors, allez-y, les beaux jours arrivent enfin (quoique…) et de Paris, le train est direct !
Heures d’ouverture - Jusqu’au 30 juin : tous les jours, sauf le mardi, de 10h30 à 19 h ; du 1er juillet au 31 août : tous les jours de 10h30 à 19 h.
Ah oui, j’oubliais, merci Constance pour les photos !