Pourquoi avoir introduit un livre dit jeunesse parmi mes habituels "adultes" ? Parce que c'est Marie-Renée Lavoie, auteure de La petite et le vieux et Le syndrome de la vis.
Amateurs d’humour et de félins, à l’esprit frais et jeune, ce joyeux roman est pour vous, il n'est pas du tout nécessaire d'être sous la barre des 20 ans.
Arrêtons-nous deux secondes au mot « moribond » qui signifie « qui est près de mourir ». C’est le cas du personnage félin principal et pourtant, je traite ce roman de joyeux. Et même plus, je le situe parmi les romans humoristiques réussis.
C’est l’histoire de « Ti-Chat » ou « Mi », ça dépend de qui en prend soin, ce très petit mâle trouvé à son dernier souffle de vie par une famille qui le prend sous son aile, avec toutes les visites chez le vétérinaire que cette adoption entraine. Sa maîtresse principale est une bambine, évidemment très attachée à son chat miniature, d’autant plus que l’attachement est souvent exacerbé devant la précarité. Car, il faut le dire, Ti-Chat est fragile, tombant régulièrement raide mort, à chaque fois heureusement réanimé par le vétérinaire. Il est affublé d’un problème cardiaque dû à sa jeunesse passé en forêt. C’est tout ce que vous saurez pour le côté médical.
C’est de sa propre bouche... euh, gueule, que nous apprenons les péripéties de sa vie, non pas qu’elle soit si trépidante, entre son chez lui où on le bénit de toutes les canes de thon qu’il désire et la vie chez le voisin qui l’empiffre de jambon quand sa jeune maîtresse est au chalet. C’est que sa petitesse lui cause des désagréments, comme celui de se faire avaler par la nouvelle balayeuse centrale, et ses crises cardiaques génèrent de l’inquiétude et lui attirent beaucoup d’affection. Ti-Chat sait se faire des alliés, il a une armée d’araignées à son service ... pour services rendus justement. Même le gros matou malotru du quartier, Prémâché finira par être amadoué par la bonté de Ti-Chat.
En bonus, on trouve des dessins de l’auteure parsemé par ci et par là. Je suis certaine qu’elle tiendrait à ce que je rajoute des dessins « sans prétention ». Il y a quasiment une histoire en parallèle en dessins tirés du club sélect des bonshommes allumettes.
Certainement un roman léger comme une bulle qui nous soulève quelques pieds au-dessus du terre-à-terre par son humour surprenant, intelligent et récurrent. Selon moi, sa force principale est tirée du décalage entre ce qui est raconté et qui le raconte, ce qu’on détecte par le propos des dessins et, entre autres, par la section finale qui relate les scènes coupées.
J’ai moins souri les « scènes coupées » que les scènes « réelles », tout en reconnaissant cependant que c’est une idée originale que ces bluppers à l’écrit.
Et attention, ceux qui ont peur des araignées, comme c’est mon cas, ne les verront plus jamais de la même façon.