J’ai trouvé ces poèmes dans le recueil de Marilyse Leroux, Le temps d’ici, publié chez Rhubarbe en 2013.
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Tu entres
au cœur de l’espace
comme dans un nid
où tu poserais les ailes
Un duvet de rose
à tes pieds
pour te consoler
du poids de la terre
Et toujours
autour de toi
cette douceur de l’air
qui te dit
que toute chose
est habitable
ici-bas.
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On n’emporte rien avec soi
qu’une image en viatique
Un iris de Van Gogh
bleu sur bleu
au pied de la montagne
On suit la découpe d’un jardin
sous un porche
A travers la fenêtre haut perchée
passe encore l’éclair d’un visage
On prend par les yeux
tout ce qui fut son regard
et par le corps
la douleur d’un amour
trop grand pour cette vie
Hier est si proche
qu’il nous attrape la main
On s’étonne d’un outil oublié
d’un escargot baignant
dans une rigole
sûr de presser contre soi
tout le poids du présent.
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Tu ramènes le silence
contre toi
comme une robe
pour le voyage
Dehors
la pluie se plaît
à dépouiller les arbres
Le ciel descend
retrouver la terre
où tout se confond
Des fenêtres s’allument
sur la nuit sans bord
par où passe
ce peu de paroles.