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mise contre la banque, rien ne va plus ?

Publié le 04 juin 2014 par Aymeric

DésEn ces tristes temps où les chaussettes françaises sont grosses du moral de leurs propriétaires, suivre l'actualité, surtout sous sa forme télévisée, s'assimilerait presque à une activité masochiste consistant à rajouter de l'angoisse à la dépression.
Il est pourtant une manière de rendre légèreté et ludisme à cette activité, c'est de scruter les différentes et souvent fort éloignées manières dont une même information sera interprétée.
Prenons le cas récent de la lourde amende – 10 milliards de dollars tout de même - qui pèse au-dessus de l'un de nos fleurons de l'industrie bancaire accusé d’avoir violé des embargos américains  et tenté de maquiller le tout,  j'ai nommé la BNP Paribas.
Certains ont cru déceler dans cette affaire un avant-goût de ce que le TTIP nous imposera d'une manière générale. Bon, c'est un peu faire l'impasse sur le fait paradoxal qu'un traité censé donner tous les avantages aux multinationales face à l'état pointe son nez via l'attaque de pouvoir publics contre une multinationale, mais mettons que le libéralisme ne soit que le masque de l'impérialisme américain. Dans le sens de cette interprétation il y a le fait, par exemple, que les dix plus grosses sommes obtenues dans le cadres de poursuites pour corruption aux USA l'ont été d'entreprises non américaines.
D'un autre côté, pourtant, il est assez piquant de constater que c'est chez le grand Satan capitaliste que se prennent d'importantes sanctions contre les établissements financiers. Les poursuivis sont en majorité non américains, certes, mais cela fait pourtant suer, et froid, du côté d'un Wall Street qui tend à filer doux sous la pression.
Autre chose curieuse, toujours si on se place dans une optique de capitalisme impérialiste, ce genre d'attaques mine en fin compte la puissance du dollar. Dans la mesure où c'est parce que les sommes frauduleuses furent réglées en dollars que la justice américaines a pu se saisir de l'affaire, une accumulations de précautions de part et d'autre et c'est son statut de monnaie de réserve internationale qui pourrait bien être remis en cause. De là à conclure que l'Europe et sa monnaie si décriée vont finir par ramasser la mise, ce serait aller un peu vite en besogne. Dans l'immédiat la nouvelle tombe assez mal dans la perspective des prochains stress tests prévus par la BCE, ensuite il faudra voir à quel point les effets fâcheux de cette affaire vont s'étaler sur le continent.
Enfin, il est aussi possible de voir dans tout ceci une application concrète d'une sorte de droit international, par un pays pourtant rétif au principe, et dont les objectifs, pour n'être sans-doute pas sans arrière-pensées, contribuent  davantage à moraliser le secteur bancaire que n'importe quelle déclaration solennelle faite à la tribune de l'ONU ou à la fin d'un G7, 8 ou 20.
A voir, donc, le nombre de manières dont un même évènement peut-être vu, on a un peu l'impression que celui-ci est en quelque sorte un test de Rorschach où chacun lira ses propres préférences, ses propres obsessions.
De quoi assurer le tournis pour ceux qui, comme moi, sans grandes convictions, finiet bien souvent par trouver que c'est le dernier qui a parlé qui a raison.
Plus vertigineux encore, si cette multiplicité de facettes est l'ordinaire de bien des faits, alors chaque décision prise a les allures d'un dé – de 3 à 20 faces ou plus selon – que l'on lance sans être certain du résultat et donc des conséquences.
Le petit théâtre de la politique a beau être riche d'acteurs tous gonflés de leur assurance, les solutions qui nous sont vendues, maquillées de bon sens et de démonstrations, ne sont en définitive que des paris plus ou moins risqués.
Et, non, inutile de chercher, il n'y a pas dans ce cas un casino qui gagne toujours à la fin.


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