Lors des premiers tests de SPHERE, la plus grosse lune de Saturne, Titan a été observée ; l’image obtenue dans l’infrarouge laisse entrevoir sa surface, indicible dans le visible
Première lumière pour le nouvel instrument SPHERE installé au VLT. Dés cette année, les astronomes pourront découvrir et étudier directement des exoplanètes en rotation autour de leur étoile.
Après X-shooter, KMOS et MUSE, voici SPHERE, le dernier arrivé des instruments de nouvelle génération installés au foyer des télescopes géants (Very Large Telescope ou VLT) de l’ESO au Chili. Son acronyme signifie Spectro-Polarimètre à Haut contraste dédié à la REcherche d’Exoplanètes. Encore en phase de test sur Melipal, troisième cyclope à camper au sommet du mont Paranal, l’instrument qui succède à NACO dans le domaine de l’observation directe des exoplanètes a été développé au sein de nombreux laboratoires européens.
SPHERE a essentiellement été conçu à dessein d’explorer l’environnement des étoiles lointaines, y découvrir et étudier de potentielles exoplanètes. Une tâche difficile car il importe pour les astronomes, de réduire au maximum la luminosité de l’étoile-hôte afin de distinguer les corps minuscules (en comparaison) qui lui gravitent autour. C’est pourquoi un contraste très élevé ouvre des perspectives de recherches. Le nouvel instrument bénéficiera ainsi des dernières technologies en matière d’optique adaptative (fluctuations de l’atmosphère terrestre compensées en temps réel), de coronographe (masque de l’étoile) et d’imagerie différentielle, laquelle « permet d’exploiter les différences de couleur ou de polarisation qui caractérisent les lumières issues d’une étoile et d’une planète ».
Dans la constellation du Centaure, l’étoile HR 4796 révèle son large anneau de poussières à l’instrument SPHERE installé sur le VLT
Pour la « première lumière » de SPHERE, les astronomes ont pris pour cible le disque de poussières autour de la jeune étoile HR 4796A (constellation du Centaure). L’acuité de l’instrument les a époustouflés en délivrant de rares détails de ce monde en pleine effervescence.
Jean-Luc Beuzit (Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble) qui a participé à l’élaboration de SPHERE, témoigne de l’extrême complexité de l’instrument : « grâce au travail acharné des nombreuses personnes impliquées dans sa conception, sa construction et son installation, ses performances ont d’ores et déjà surpassé nos attentes. C’est vraiment enthousiasmant ! ». Si tout va bien, l’instrument devrait être mis au service des astronomes avant la fin de cette année.
« L’aventure ne fait que commencer. SPHERE est un outil particulièrement puissant, qui nous livrera très certainement de nombreuses et belles surprises dans les années à venir » estime Jean-Luc Beuzit.