Ce roman commence comme un banal roman contemporain, sur la vie et les sentiments d’une jeune femme. On découvre d’ailleurs assez vite ses fêlures familiales, ses sentiments que l’on sent bien plus forts que la simple amitié envers Charles, sa rivalité avec son collègue qui met sa carrière en péril… On s’attache assez vite à ce personnage qui a un petit côté doux-amer de femme moderne et indépendante, mais finalement assez seule. Cela peut d’ailleurs paraître assez plat, s’il n’y avait pas ce détail du journal.
Car dès le départ, l’utilisation aussi systématique qu’inutile du journal crée un vrai problème. Elle n’y reproduit que le déroulé simple des événements, avec d’ailleurs les mêmes mots que ceux utilisés par la narratrice quelques pages auparavant pour les raconter. C’est bien sûr de cette banalité-là que nait l’étrangeté, un comble me direz-vous. J’ai mis un bon moment à comprendre que ce journal pouvait avoir un rôle particulier et les indices sont distillés avec beaucoup de soin en brouillant les pistes: le béguin tantôt pour l’un, tantôt pour l’autre homme n’est peut-être pas un simple triangle amoureux, et le ticket de cinéma pour la séance à laquelle elle n’est pas allée est bien collé dans le journal… On bascule très doucement dans le thriller tout en tournant les pages à toute vitesse sans se rendre compte que tout se met en place petit à petit.
La note de Mélu:
Une petite réussite.
Un mot sur l’auteure: Karine Carville se définit comme une écriveronne et se présente sur son site ici. D’autres de ses oeuvres sur Ma Bouquinerie.
catégorie “objet”