La nouvelle France en sept cartes régionales

Publié le 04 juin 2014 par Blanchemanche
FLORENT LATRIVEQUENTIN GIRARD ET BAPTISTE BOUTHIER 4 JUIN 2014

Démographie, croissance économique, chômage mais aussi Miss France ou performances en foot : Libération décrypte les forces et faiblesses des futures nouvelles régions françaises.

Si la nouvelle carte des régions proposée par François Hollande ne fait, comme attendu, pas plaisir à tout le monde, elle était aussi l’occasion de redistribuer les cartes économiques, géographiques, voire sportives. Hormis l’Ile-de-France, largement et toujours à part en termes de richesse et de croissance, et la Corse, petit bout isolé, cette redistribution montre une volonté de ne pas créer de grandes disparités économiques entre les ensembles. Pour cela, il a fallu parfois faire une croix sur la logique géographique. Le futur Poitou-Charentes-Centre-Limousin, une région qui va de Dreux à Brive-la-Gaillarde, en est le parfait exemple.

CHÔMAGE, LES MÊMES DISPARITÉS

Les disparités régionales du chômage varient peu avec ce nouveau découpage des régions. Le taux de chômage est toujours plus fort tout au nord et au sud qu’ailleurs. La plupart des régions ayant fusionné avaient des taux de chômage comparables, à une exception près : le Midi-Pyrénées (10%) n’a pas gagné au change en s’associant au Languedoc-Roussillon (13,9%) qui, à l’inverse, profite de l’aubaine pour laisser la peu enviable première place au Nord-Pas-de-Calais (13%).

UNE POPULATION HOMOGÈNE

A l’exception des anomalies Ile-de-France (12 millions d’habitants !) et Corse (à peine plus de 300 000), ces nouvelles régions présentent une certaine homogénéité en termes de population. Le Rhône-Alpes et l’Auvergne fusionnés culminent à 7,7 millions, mais les onze autres régions se trouvent dans une fourchette comprise entre 2,8 et 5,7 millions d’habitants.

DES SUPERFICIES INÉGALES

S’il y a bien un domaine où ces 14 nouvelles régions ne rétablissent aucun équilibre, c’est au niveau de la superficie. La Corse, l’Ile-de-France et le Nord-Pas-de-Calais sont parmi les plus petites des 22 régions actuelles. Elles ne fusionnent avec personne et seront les trois plus petites des 14 nouvelles régions. De l’autre côté, la maxi-fusion Centre, Poitou-Charentes et Limousin est d’une superficie de presque 82 000 km², soit environ dix fois plus grand que la Corse… Les associations Rhône-Alpes, Auvergne et Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon donnent aussi de très grosses régions : à elles trois, ces trois futures grandes régions couvrent 40% de la France métropolitaine.

UN PIB PLUS ÉQUILIBRÉ

A l’instar de la population, le poids de ces 14 nouvelles régions en matière de PIB est plus équilibré que les 22 régions actuelles. Là encore, il faut laisser de côté les anomalies Corse (8 milliards d’euros à peine) et Ile-de-France (612 milliards, soit un petit tiers du PIB national). Dans les douze autres régions, le grand ensemble Rhône-Alpes-Auvergne, largement boosté par la région lyonnaise, domine avec 231 milliards, et les onze autres tiennent dans une fourchette assez resserrée, entre 71 et 144 milliards. C’est le fruit des nombreuses fusions opérées, qui ont souvent permis de regrouper ensemble des régions aux faibles PIB, comme les deux Normandie ou la Picardie et la Champagne-Ardenne.

AUCUNE SUPER-RÉGION DE LA CROISSANCE

Les mariages n’ont pas transformé des régions dynamiques économiquement en boulet ou inversement, observe-t-on en reprenant les chiffres opportunément publiés par l’Insee cette semaine et pointant les performances du PIB des régions (actuelles) pendant le plus vif de la crise économique (2008-2011). Les médiocres restent ensemble, comme la Picardie (-07% de croissance moyenne sur la période toute seule) et la Champagne-Ardenne (-0,5%). Une victime tout de même : Poitou-Charentes, qui affichait un +0,6% de croissance seul et se retrouve à zéro une fois flanqué du Centre et du Limousin. Un sort auquel l’Aquitaine (+0,9%) échappe en restant isolée.

EN BONUS

UN NORD SINISTRÉ EN MISS

Les nouvelles régions ne changent pas vraiment la répartition des Miss. L'Ile-de-France reste en tête, largement, tandis que le Nord-Pas-de-Calais, avec 0 victoire, est toujours une région à la beauté difficile.A part ces deux entités, et le cas de la Corse, toujours un peu à part, cela se répartit plutôt équitablement entre les autres régions. A la limite, le Poitou-Charentes, qui était avant plutôt bien classé avec 4 victoires, pâtit du non-apport de ses voisins et rétrograde.

LE FOOT, VIVE LE SUD

Le Sud était déjà largement en tête avant et cela ne change pas. La Picardie peut se réjouir de la fusion avec la Champagne, profitant ainsi des six victoires en championnat de France de Reims. Pour le Centre, le Limousin et le Poitou-Charentes, même en se mettant à trois, cela ne permet pas d’atteindre «la bravitude» de la victoire. C’est certain que quand les meilleurs clubs sont les Chamois Niortais, le Tours FC, c’est compliqué. Cette carte rappelle une nouvelle fois également que, à part le FC Nantes, il n’y a pas vraiment de clubs performants en Bretagne. Pour les lecteurs qui se posent la question, l’autre club à avoir gagné un championnat en Ile de France, hormis le PSG (4 titres), est le RC Paris en 1936.Florent LATRIVEQuentin GIRARD et Baptiste BOUTHIER http://www.liberation.fr/politiques/2014/06/04/la-nouvelle-france-en-six-cartes-regionales_1032908