Il est étrange ce livre. Étrange bien. Il fallait oser écrire 166 pages sur les mouvements d'un escargot dans une époque vouée à la performance et à l'efficience. L'auteure nous propose une parenthèse, s'arrêter le temps de la lecture pour observer les déambulations d'un gastéropode. Elisabeth Tova Bailey n'a pas eu le choix. Malade, alitée, elle observe l'insignifiant, l'inaperçu, le sujet de nombreuses moqueries. L'escargot qui, à son rythme, survit à toutes les évolutions.
Il est étrange ce livre. Étrange bien. Un essai, un récit, un moment de méditation. Une description intime de la maladie et de ses conséquences. Les mouvements extérieurs des autres, manège tourbillonnant, l'observation intérieur d'un terrarium, donnant un sens à ses journées. C'est aussi un bel éloge à la lenteur. Oui, une belle étrangeté.
Autrement, 166 pages, 2013, traduit de l'anglais par Marie-Céline Mouraux
« Lorsque je pensais aux distances que mon escargot pouvait parcourir, en dépit de sa taille, mon immobilité n’en était que lus frappante Quant à ma vie, elle était entrain de devenir aussi solitaire que celle de mon escargot.
Mon lit était une île dans la mer désolée de ma chambre. Je savais pourtant que d’autres étaient comme moi confinés chez eux, par la maladie ou par une blessure, dans des villages ou dans des villes, partout dans le monde. Allongée-là, je me sentais liée à eux tous. Nous formions nous aussi une sorte de colonie d’ermites. »
Les avis de Cathulu qui en a fait un livre voyageur, Aifelle, Dominque, Mango...