Etape 1: création de l'habillage.
L'étude du serre taille est finie après de multiples modifications...Je recherche toujours la perfection, à aller au bout de mes idées et donc je prends beaucoup de temps !
Etape 2: étude du serre taille.
demi devant
côté
trois quart dos
demi dosDès que toutes mes fournitures seront arrivées à bon port ! Je partagerais avec vous les différentes étapes de la confection...Suivez mes prochains articles !En attendant voici un "petit" historique sur l'évolution du mannequin de couture...
Bonne lecture !
«Dans une boutique, rue Legendre, aux Batignolles, toute une série de bustes de femmes, sans têtes et sans jambes, avec des patères de rideaux à la place des bras et une peau de percaline d’une couleur absolue, bis sec, rose cru, noir dru, s’aligne en rang d’oignons, empalée sur des tiges ou posée sur des tables. On songe tout d’abord à une morgue où des torses de cadavres décapités seraient debout; mais bientôt l’horreur de ces corps amputés s’efface et de suggestives réflexions vous viennent, car ce charme subsidiaire de la femme, la gorge, s’étale fidèlement reproduit par les parfaits couturiers qui ont bâti ces bustes.» J.K. Huysmans. Depuis le 18ème siècle, fabriquer des mannequins était l’affaire des vanniers. Vers 1840, on commence à les rembourrer d’étoupe ou de crin pour faciliter le moulage.En 1835, Boiché lance le premier mannequin en fil de fer. Les Boiché, père et petit-fils étaient ferblantiers. C’est en étamant des gouttières en fil de fer et autres appareils à ressouder les fractures que l’idée leur serait venue de les réunir en une carcasse complète.Lors de l’exposition universelle de Londres en 1851, le comte Dunin présente un modèle très élaboré à l’usage des tailleurs. Composé de plus de 7000 pièces métalliques, il peut s’ajuster à toutes les conformations, depuis l’Apollon du Belvédère jusqu’à l’Hercule Farnèse.La vraie révolution est moins spectaculaire; c’est le mannequin de carton cousu, recouvert de tissu et de molleton. On la doit au tailleur pour dames Alexis Lavigne, également inventeur du mètre ruban et fondateur d’une école de coupe, qui existe toujours sous le nom d’Esmod. Rembourrés aux proportions de la cliente, ses bustes permettent de réduire le nombre d’essayages. En drapant et épinglant le tissu à même le mannequin, les couturiers inventeront une nouvelle manière de concevoir un vêtement : le moulage, sans lequel les recherches sur le biais au XXe siècle seraient inimaginables. Les bustes Lavigne sont distingués à l’Exposition Nationale des produits de l’industrie agricole et manufacturière de 1849. Lavigne est promu en tant que tailleur amazonnier de l’impératrice. Naturellement, il exécute un mannequin à ses impériales mesures. Celui-ci, copié, devient la matrice de la morphologie idéale du second Empire. Eugénie ayant la taille très courte, toutes les élégantes, à son exemple, ont la taille courte. Les bustes en carton recouvert supplantent rapidement leurs homologues d’osier, pour la présentation du vêtement fini comme pour la couture. Ils sont plus pratiques à l’usage et se prêtent mieux à une fabrication industrielle.C’est là qu’intervient un ancien élève de Lavigne : Frédéric Stockman. D’ origine belge, ce dernier venu à Paris pour étudier la sculpture et faute de pouvoir vivre de son art, a dû travailler chez plusieurs tailleurs parisiens. Il a compris quelle serait l’utilité pour cette profession de gabarits établis d’après une méthode de coupe rigoureuse. Le magasin de nouveautés Au Gagne Petit lui achète et l’encourage. Mais bientôt, à l’étroit dans ses vieux ateliers de l’avenue de Clichy, l’entreprise déménage pour le 150 rue Legendre. Dans les années 1890, elle inaugure à Saint-Ouen, une usine électrique, d’abord spécialisée dans le travail du bois. En 1911, devenue Duboc et compagnie, elle possède des succursales à Londres, Bruxelles, Genève, Berne, Vienne, Alger. Cette croissance spectaculaire s’appuie sur celle de la confection, qui elle-même profite du développement de la consommation des classes moyennes. En 1865, Lavigne, le principal fabricant, vendait une cinquantaine de bustes par an. En 1900, il s’écoule plus de 30 000 modèles, dont une majorité porte le monogramme F.S. pour Frédéric Stockman.Le succès de cette firme résulte de la standardisation. Les mannequins hommes et femmes sont numérotés par tailles, correspondant à la moitié du tour de poitrine. Celles des modèles enfants font référence à l’âge. Pour abaisser le prix de revient, la production est rationalisée. La carcasse est façonnée sur un moule en plâtre, en creux ou en bosse. On superpose sur celui-ci des feuilles de papier, parfois de récupération (journaux, vielles affiches...), imprégnées de colle de pâte. Le tout est placé dans une étuve portée à haute température, pour que l’eau s’évapore. Le papier se transforme ainsi en carton dur. La carcasse est alors fendue sur tout un coté pour pouvoir la démouler. Aussitôt recousue ou agrafée, elle passe entre les mains du râpeur, chargé de faire disparaître les boursouflures produites par le séchage. On la molletonne alors d’une couche de ouate sur laquelle la finisseuse viendra ajuster l’étoffe extérieure. Le tissu employé va de la doublure pour les mannequins bas de gamme, au satin ou à la moire pour les bustes d’étalage, en passant par la toile solide pour les versions d’ateliers soumis à des épinglages répétés. Pour finir le buste, il ne reste plus qu’à clouter le fond et le cou, visser les ronds de bois des emmanchures.Il est alors prêt à être enfilé sur la tige qui le liera au socle. Ce dernier sera un plateau rond si le mannequin est destiné à être posé sur une table ou un comptoir, et un trépied ressemblant à un tabouret de piano s’il doit reposer sur le sol. La maison Stockman fabrique, encore de nos jours, des bustes selon cette technique traditionnelle.A la fin des années 1890, le pied en bois tourné en chapelet est supplanté par le modèle en balustre, qui est resté le standard depuis. Si la base est restée pratiquement inchangée, la forme des bustes a connu autant de révolutions que le corps des femmes, modelé par le corset.En 1880, le mannequin se fait en version longue, pour que les couturières puissent travailler aux drapés des jupes à tournure. A partir de 1890, la poitrine remonte et les épaules se redressent. En 1900, la silhouette se cambre et tombe droit devant. En 1905, la poitrine s’avance comme une figure de proue. En 1910, le canon devient plus longiligne…Ces métamorphoses font de Stockman une affaire prospère. A chaque mutation des silhouettes, toutes les couturières doivent remplacer leurs bustes pour s’adapter.Depuis la fin de la première guerre mondiale, les corps n’étant plus façonnés par le corset, les mannequins ne connaissent plus des bouleversements aussi spectaculaires. Mais ils continuent à évoluer selon les caprices de la mode. Ceux des années 20 sont androgynes avec leur poitrine effacée, leur taille à peine marquée et leur bassin étroit. Au fil de la décennie suivante, ils regagnent un peu de féminité. En 1947, Dior commande à Stockman des bustes dont les mensurations sont : 87cm de tour de poitrine, 53cm de taille, 89cm de hanches. Les seins de ces mannequins new-look sont assez écartés, leurs hanches sont pleines et arrondies mais les fesses sont aplaties par la gaine. Le tour de taille des bustes d’atelier standard n’a fait qu’épaissir depuis. Les Stockman ‘haute couture’ ont des formes plus galbées, n’ayant que peu évolué depuis les années 60.
A suivre...