Frédéric Cuvillier reçoit les parlementaires de Charente-Maritime, ce mercredi, pour parler de la crise mytilicole. Les producteurs sinistrés ont un besoin immédiat de trésorerie
Deux mois après l'apparition des premières mortalités de moules dans le pertuis Breton, les parlementaires de la Charente-Maritime rencontrent, ce mercredi à Paris, le secrétaire d'État à la mer, Frédéric Cuvillier, pour l'entretenir des difficultés auxquelles font face une centaine de producteurs de la Charente-Maritime et du sud de la Vendée.
Ceux des mytiliculteurs qui ont leur production concentrée dans le pertuis Breton (filières et bouchots), au nord du département, sont confrontés, peu ou prou à 100 % de pertes sur le cheptel. Une saison morte avant même d'avoir commencé, et les difficultés qui s'annoncent pour la campagne de 2015, puisqu'ils l'aborderont sans aucune réserve de trésorerie… à moins d'obtenir des aides au titre des calamités agricoles. Le Comité national de gestion des risques en agriculture doit se prononcer sur ce point capital, le 11 juin prochain.
Pour ceux des mytiliculteurs qui ont leur production éclatée entre pertuis Breton et la baie d'Yves, la situation est plus mitigée, mais la saison est compromise, là aussi. Car, aux 100 % de pertes sur le Breton s'ajoute, pour eux, une forte inquiétude sur les concessions de la baie d'Yves. Ces sites, touchés à retardement, ne sont plus épargnés aujourd'hui par les mortalités. « Sur les filières de la baie d'Yves, nous ne récoltons plus que 50 % de ce que nous devrions charger dans nos ateliers, commente Benoît Durivaud, président des mytiliculteurs. Et sur les bouchots de Fouras-Aix, la mortalité est de 60 %. C'est la panique ! »
La mortalité se propage
Jusqu'alors, seul le sud du pertuis échappait au phénomène : les filières de l'anse de la Maleconche, au large d'Oléron, et les bouchots de Boyardville. Tout du moins, ces pourcentages les alarment.Des constats posés fin mai sur ces sites par plusieurs producteurs amplifient l'incertitude.
« Les mortalités sont bien moindres qu'ailleurs dans le département, mais nos pieds de bouchots sont touchés jusqu'à un mètre de hauteur, détaille Francis Baudet, producteur à Bourcefranc. J'ai constaté que le nombre de coquilles vides ne diminue pas sur les têtes des bouchots, avec la présence de moules mortes récemment, dont les coquilles contiennent encore la chair. Cela signifie que le problème se poursuit, voire se propage. Ce qui est aussi curieux, c'est qu'à cette saison d'ordinaire, les moules ont perdu leur laitance et elles se garnissent en chair. Pas cette année. Elles n'ont pas encore délaité et sont maigres. Elles ne sont donc toujours pas vendables. Nous observons aussi un autre phénomène curieux : les bigorneaux perceurs, un parasite de la moule qui perce sa coquille et aspire sa chair ; ils persistent sur les bouchots, alors qu'ils devraient avoir disparu sur les fonds. »
S'ils se réfèrent au chiffre d'affaires de l'année dernière, les producteurs du nord du département estiment à 20 millions d'euros le manque à gagner, et à 14 millions d'euros le besoin immédiat en trésorerie. Certes, leurs charges sont déjà allégées, dans la limite de 20 % du montant des annuités d'emprunts, les cotisations sociales Enim (1) sont reportées, les redevances domaniales et les taxes portuaires sont suspendues. Mais ce ne sont que des mesures habituelles pour ce cas de figure. Les producteurs espèrent aujourd'hui un soutien plus massif de l'État.
(1) Établissement national des invalides de la marine en charge du régime spécial de sécurité sociale des marins du commerce, de la pêche et de la plaisance.