Photo d'une carte de France / 17.05.2014 (illustration) JOEL SAGET / AFP
Le redécoupage des régions et la réforme des collectivités signés François Hollande ont suscité une levée d'interrogations. Le processus est néanmoins lancé. La bataille autour du projet s'annonce rude.On en parle "depuis deux ans, on dit depuis vingt ans qu’il faut réformer. À moment donné, il faut bien que quelqu’un tranche et qu’on travaille au lieu de critiquer"… Jean-Jack Queyranne et Martin Malvy, présidents des régions Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées sont montés au créneau hier pour défendre les fusions et réformes proposées à leurs régions.
Actuellement, le découpage des régions date de 1972. Les lois Defferre qui ont défini les missions des collectivités territoriales de 1983 incitent à redessiner la carte de France et redéfinir les compétences des uns et des autres. Le chef de l’état s’est engagé seul sur ce chantier qui, au final, touche à la cohésion du pays, aux élus locaux et à l’identité des territoires. Paris a dû imposer sa carte avec des mariages consentis (Franche-Comté-Bourgogne), pressentis (Alsace-Lorraine) arrangés (Picardie-Champagne), des célibataires endurcis (Nord) et même un ménage à 3 au milieu du pays. Le reste de la France, ne comprend pas pourquoi l’Ouest a fait l’objet d’un traitement à part
Une salve de critiques fondées a accueilli cette étrange carte, lundi soir, cacheter du sceau de la Présidence de la République ; Notamment des critiques sur la méthode : "Des dessins de coin de table" raille Xavier Bertrand (UMP), "Coup de force" tonne Jean-Michel Baylet (PRG) prêt à s’opposer "totalement". Critiques sur le fond : "Une réforme pourquoi pas, mais comment ne pas évoquer la fiscalité" regrette le député UMP de la Drôme Hervé Mariton. "La République une et indivisible est brisé", lance le front de gauche jacobin par nature. "Un découpage cauchemardesque", selon François de Rugy (EELV) qui imaginaient de très grandes régions. Critiques locales enfin, dirigées contre la suppression des conseils généraux. Un seul président de région cependant, Christian Bourquin (Languedoc-Roussillon, DVG), déclenche une pétition contre une fusion. Le PS est très seul et compte aussi des opposants sur le volet départemental.
Le redécoupage du pays n’est pas encore fixé ; Le 18 juin prochain, le projet de loi sera examiné au Sénat et l’Assemblée Nationale. "Il n’y aura pas plus de 14 régions et s’il y a des solutions pour moins, c’est bien" indique Manuel Valls, cependant ouvert à des évolutions. Le gouvernement ne tient pas à délier les départements. Mais cela pourrait permettre "d’agrandir" la Bretagne et l’Aquitaine, voire Paca.Un déséquilibre réel est toutefois annoncé ; L’attelage Rhône-Alpes Auvergne appelé à devenir la quatrième région d’Europe avec 7,2 millions d’habitants et 12 % du PIB du pays ne jouera pas dans la même division que son voisin Bourgogne Franche-Comté (2,8 millions d’habitants et 2,6 % du PIB). Quels seraient les bons critères pour définir une région ? "Une métropole régionale, un aéroport international, un CHU, une université, des liaisons internes cohérentes, des bassins de vie", esquisse le président opportuniste Jean-Jack Queyranne.
Pour le moment, hors la Normandie, le gouvernement se garde bien de proposer des capitales. Les nouveaux ensembles devront déterminer le chef-lieu, donc le siège. Parfois, la capitale s’impose (Lyon, Dijon, Strasbourg). Mais entre Caen et Rouen, Limoges, Poitiers et Orléans, que choisir ?
Le choix de vider les conseils généraux de leurs missions engendrera un mini-cataclysme administratif. Il faudra réaffecter ou transférer des fonctionnaires en même temps que les missions et demander aux élus de 2015 de programmer leurs extinctions. Sans doute le volet le plus risqué de la réforme. Le président du département de Côte-d’Or François Sauvadet (UDI), défenseur du conseil général note : "D’ici là on aura élu un président de la république en 2017".FG