« L’amour, c’est comme les enchères, on ne sait jamais si on fait la meilleure offre …. »
Voilà un film passionnant, sorti en avril dernier, qui a été tourné à Vienne, Prague, Milan et Trieste. Le réalisateur Giuseppe Tornatore (Cinema Paradiso, Une pure formalité) déstabilise l’impressionnant Geoffrey Rush (Le discours d’un roi), tombé raide amoureux de la sulfureuse Sylvia Hoeks. Un film long, mais pas un instant ennuyeux, ce qui est fort rare de nos jours. Décors de villa italienne en deshérence, casting très judicieux avec Jim Sturgess et Donald Sutherland, costumes raffinés du principal protagoniste, tout sonne vrai, sauf ce scénario démentiel dont la fin nous laisse tous pantois.
Virgil Oldman est un vieux (d’où son nom ?) commissaire-priseur couvert d’honneurs et bourré de tocs. Il ne se départit jamais d’une paire de gants, dont la couleur est scrupuleusement assortie à ses merveilleux costumes taillés sur mesure à Savile Row. Au cours de sa carrière d’expert international et d’intermédiaire, il s’est constitué une fantastique collection de portraits féminins des plus grands maîtres qu’il admire en solo, dans une chambre forte de son hôtel particulier. Sous des dehors d’homme très « comme il faut », il n’hésite cependant pas à truquer ses acquisitions. Il les certifie comme faux et les vend comme tels alors qu’il sait que les tableaux sont authentiques, avec le concours de son complice Billy (Donald Sutherland), un peintre faussaire génial mais jamais reconnu comme artiste à part entière.
Sur la fin de sa carrière, il se laisse circonvenir par une très jolie jeune femme atteinte d’agoraphobie. Lui qui n’a jamais « connu » de femme, car elles lui font peur, va succomber à la beauté de la belle Claire, et passer dans le club des adultes sur le soir de sa vie. Comme un monstrueux automate reconstitué avec minutie, l’histoire nous mène en bateau d’un bout à l’autre de l’Europe.
Un suspens bien conduit, une réflexion philosophique sur la morale, l’amour libérateur, le vrai et le faux. Brillant. Il faut se hâter de le voir, l’interprétation de Geoffrey Rush est sensible et attachante. Nous avons adoré !