L’étanchéité ! En voilà un sujet d’exploration. Joints de baignoire, de chaussée ou pour porte de réfrigérateur, la matière est là. Élysée Toupie, protagoniste de La Passion de l’étanche, est thanatopractrice, mais qui vous dit qu’elle n’est pas aussi titulaire d’un CAP de plomberie ? J’ai voulu composer ici, non sans drôlerie, l’histoire d’une femme exerçant un métier peu connu, dans un domaine a priori rebutant pour la majorité de ses congénères : le funéraire. L’originalité d’Élysée réside dans son inclination à établir des descriptions rigoureuses des corps dont elle s’est occupé, et à les consigner dans des cahiers. Cette appétence littéraire va prendre une autre envergure le jour où elle est appelée pour effectuer les derniers soins sur le corps d’un romancier fameux, Éliphas Sloumévy.
L’univers du livre peut être associé à un inventaire hétéroclite, dressé sans chronologie ni hiérarchie : frisettes, Fipette, trains électriques, formol, crayons bicolores, télévision, satellites, poulet à la parisienne, aranéides, parking souterrain. Et c’est Élysée qui déroule le fil d’Ariane reliant les éléments de cette liste.
La Passion de l’étanche (titre à la piste fallacieuse ?) ne livre qu’une partie de la vie d’Élysée. Toute latitude est ainsi laissée au lecteur pour inventer un passé foisonnant et atypique à cette jeune femme peu ordinaire. Et cela ouvre des perspectives sur l’interprétation des dix dernières pages du livre. J’entends par là : une réflexion sur ce qui a fondé, inconsciemment, les actes d’Élysée, ainsi que sur la part du sacrifice. De mon côté, je n’ai pas encore levé toutes les interrogations…
Pour la petite histoire…
Le personnage d’Élysée est né presque par inadvertance, tandis que je travaillais dans le jardin d’hiver du Château de Lavigny (Suisse), un mobile de Calder suspendu au-dessus de la tête – nous étions cinq auteurs à bénéficier d’une résidence d’écriture en ce bel endroit.